Il était une fois... C'est la clé de tous les contes. C'est aussi celle qu'Agnès Jaoui utilise en introduction à son film où elle incarne une comédienne dont la seule raison d'être dans le cas présent est de mettre en scène une histoire féerique avec des bouts de choux dans une école primaire. Et que fait-elle, cette dame lorsqu'elle n'est pas déguisée en fée? Elle prend des cours de conduite auto avec un moniteur incarné par Jean-Pierre Bacri, qui bien évidemment est un atrabilaire, un bougon, un misanthrope, bref tout ce que l'on aime chez Bacri. Lequel atrabilaire déteste les enfants, mais - comble de malchance - a un fils, plutôt beau garçon (Arthur Dupont), compositeur de musique (contemporaine, pour faire vite), qui s'est entiché d'une jeune fille (Agathe Bonitzer) qui a tout pour plaire, la beauté, la discrétion, l'intelligence. Bref ils sont faits l'un pour l'autre. Sauf que... Non, tout ne doit pas se passer comme prévu, nous sommes dans un conte c'est vrai, mais il y a des limites à la naïveté. Et puis du reste dans les contes aussi, des méchants plus que méchants surgissent des sentiers de la forêt. En l'occurrence le méchant, ce sera Benjamin Biolay. Et tout ce petit monde s'amuse, un peu comme des gamins sur une cour de récréation ou comme un jour sans classe des têtes blondes (ou pas) qui joueraient à "On dirait que je serais". Le film est drôle, hilarant par moments. Les leçons de conduite automobile sont un vrai régal : Jaoui au volant, vivant une expérience existentielle déstabilisante, et Bacri, éternel tourmenté, qui vient en plus de cela de se souvenir qu'une voyante lui avait prédit qu'il mourrait un 14 mars (or le 14 mars - dans le film - approche et l'heure fatidique va peut-être retentir). Tout cela compose une suite de tableaux d'une grande vivacité, sorte de petite "comédie humaine" où les choses de la vie les plus graves ont leur place : l'amour, la mort, la hantise de la mort, les illusions perdues. Et puis bien sûr le petit théâtre que chacun porte en soi, où la comédie sociale côtoie la gravité de l'inéluctable. Autant dire que le tandem Jaoui-Bacri fonctionne à merveille et que le scénario - impeccable - prend corps avec des acteurs et des actrices tous aussi à l'aise les uns que les autres dans leurs rôles.