Au bout du « compte », il n'y a rien à redire sur ce film. Un jeu d'acteur digne d'un spectacle de primaire, une mise en scène « papier-crépon », et que d'originalité... Les situations sont toutes plus clichées, kitsch, et pathétiques les unes que les autres. On peut même être outré par le casting qui nous est proposé. Notamment en ce qui concerne Agathe Bonitzer, qui ne sait même pas marcher sur un plateau (alors n'allons pas parler de son jeu), ou encore Benjamin Biolay, qui du début à la fin reste sur même intention de jeu pour incarner un personnage pourtant intéressant. Mettons à part Jaoui et Bacri qui restent très pertinent dans leur manière d'aborder leur rôle. Tous deux forment un duo comique qui fonctionne, et arrivent à nous faire rire en exploitant les différentes névroses de leur personnage. L'une est dépeinte comme une mère inquiète pour sa fille totalement angoissés par la notion de famille, et l'autre comme un un misanthrope en pleine crise, traumatisé par l'idée de mourir suite au décès de son père. Faisons aussi une exception pour Arthur Dupont, jeune acteur que nous avons peu vu au cinéma, mais qui nous apparaît touchant, naïf, par le biais de ce bègue-amoureux.
L'histoire nous montre ce que nous appellerons « l'amour féerique contemporain ». On remarque bien sure que Jaoui a voulu mettre l'accent sur ces problématiques d'infidélités amoureuses, cassant bien l'image que n'avons avons du conte de fée, d'un amour romantique et passionné. L'idée de reprendre à juste titre des contes de fée était d'ailleurs très intéressante. En effet, quand on a si peu d'idée pour réaliser un film, mieux vaut faire confiance à Perrault, aux frères Grimm et à ce que Bettelheim en a pu dire dessus. Malheureusement, ces références littéraires ne sont pas du tout travaillées et poussées à bout, ce qui en fait perdre leur pertinence. Elles n'apparaissent que comme des clins d’œil jetés à l'écran, sans qu'il n'y est un véritable effort d'analyse par rapport aux situations proposées. Prenons l'exemple le plus flagrant : celui de la belle-mère jalouse de sa fille. Par analogie avec le conte Blanche Neige, Jaoui aurait pu nous explorer un terrain conflictuel absolument délicieux qu'il existe entre mère et sa fille : toute la problématique du dépassement du stade œdipien, la peur de vieillir et sa frustration jalouse répercutée sur la figure de la fille ect... Néanmoins il ne suffit pas de faire comprendre grossièrement au spectateur qu'il s'agit bien de ce conte de fée là, par une réplique telle « Tiens ma fille ma fille tu n'as pas finis ta pomme ! », mais plutôt d'explorer plus profondément ce que nous propose l'écriture du conte. Or c'est ce que nous pouvons reprocher au travail de Jaoui.
On a en revanche beaucoup de plaisir à retrouver de grands compositeurs tels que Gluck dans la bande originale. Elle nous semble avoir été conçue avec beaucoup de soin et de raffinement, sachant allié de beaux chefs d’œuvre classiques avec des morceaux plus pop et tout aussi bien choisis. Cela donne une dynamique et une rythmique intéressante au film. Malgré beaucoup d'erreur commise par Jaoui, le film possède beaucoup d'énergie et n'a aucun problèmes de rythme. Le spectateur s'amuse, sans cependant trouver beaucoup d’intérêt à l'histoire.
Au bout de « compte », il n'y a rien à redire sur ce film. Il ne s'agit que d'une comédie légère et amusante.