Il y a 2 façons de recevoir le dernier film d'Agnès Jaoui : d'un côté, d'une façon bougonne, à la Bacri, insistant sur le fait qu'à la fin du film, on ne sait toujours pas ce que Bacri et elle ont voulu dire en écrivant le scénario, et que ... la glycine est loin d'être fleurie au début du mois de mars dans la région parisienne; d'un autre côté, d'une façon rayonnante en insistant sur le fait que le film est toujours inventif, très bien mis en scène et jamais ennuyeux. En rétorquant aussi aux bougons que la panacée ne réside pas forcément dans les films où on voit trop bien ce que scénariste(s) et réalisateur ont voulu nous dire et que, en sous-main, presque en catimini, "Au bout du conte" nous dit plein de choses sur nos superstitions, sur les religions, sur l'amour, sur les rumeurs, sur la fidélité, sur la solitude, sur la famille, sur la liberté qui génère des tonnes d'envie mais qui, en même temps, nous fait souvent peur. Un film dans lequel la musique est très importante et qui, à part celle, très variée, écrite pour le film par le compositeur argentin de musique contemporaine Fernando Fiszbein, nous permet d'entendre également le méconnu Gil Scott-Heron, Bach, Gounod, Glück et la très belle version de "Sound the trumpet" de Purcell chantée par Alfred Deller et son fils Mark. Même si son rythme est parfois un tout petit peu mollasson, même si ce n'est pas le meilleur film du duo Jaoui-Bacri, "Au bout du conte" est un film choral qui se voit avec plaisir et qu'on peut conseiller sans réserve.