Avec KINGSMAN, Matthew Vaughn se place dans la droite lignée pop & post-moderne de KICK-ASS, qui avait été son premier gros succès comme réalisateur. Les correspondances sont nombreuses entre ces films, et ce n’est pas vraiment étonnant : les deux sont adaptés de comics de Mark Millar & Dave Gibbons. Le style graphique et d’adaptation choisi par Vaughn étant à peu près identique, la continuité est claire. Nous ne sommes donc pas en terre inconnu. Bien au contraire.
Dans les deux cas, le réalisateur revisite un genre. Cette fois, il s’attache au monde des espions et notamment, en bon british qu’il est, aux JAMES BOND. KINGSMAN en récupère tous les codes, avec une approche parfois proche de celle du duo Edgar Wright/Simon Pegg. La subtilité en moins malheureusement. Car plutôt que de réfléchir sur le genre qu’il aborde et de le retravailler de manière humoristique, Vaughn se contente d’en recycler la structure et les figures de style en mode XXL. On est souvent trop proche de la blague, notamment quand les personnages citent ouvertement leurs sources (“James Bond ? Jason Bourne ?” “Non, Jack Bauer !”, ou le grand méchant qui nous balance un “It’s not that kind of movie!” à un moment clé).
Les références sont directes, et le film tombe souvent dans la facilité scénaristique et comique. KINGSMAN devient alors plus une parodie très décontractée qu’une relecture sincère, et cela atténue forcement la portée du projet. On est dès lors loin de la totale réussite qu’était X-MEN – LE COMMENCEMENT qui, tout en se plaçant lui aussi dans un univers à la JAMES BOND 60’s (ambiance guerre froide, grand méchant mégalo manipulant les blocs Est et Ouest), arrivait à développer de vrais thèmes et à créer un univers qui lui était propre.
KINGSMAN est beaucoup moins maitrisé, et plus potache. C’est bien dommage mais, malgré les longueurs, il y a une vraie efficacité dans le fun, ce qui est déjà pas mal ! L’énergie de l’ensemble est communicative. Samuel L. Jackson est en roue libre, tous les acteurs nous font plaisir. Et Matthew Vaughn emballe quelques séquences d’action d’une ampleur assez jouissive, que ce soit le carnage dans l’église, ou les scènes d’hystérie collective. La réalisation est plus du côté du cartoon débridé que de l’efficacité brute, et c’est tant mieux : ces bastons menées par Colin Firth impriment durablement la rétine.
Bref, KINGSMAN mise tout sur le fun, le fun, le fun : c’est clairement la limite du film, mais aussi sa force.