Ha les comédies françaises... Vaste débat... On pourrait croire qu'il s'agit là uniquement d'un genre permettant à des acteurs bankables de toucher un gros chèque sans avoir à lire un scénar' (faut bien payer ses impôts me direz-vous), et à des producteurs peu scrupuleux d'investir à minima dans un film qui touchera un large public (et qui donc rapportera beaucoup). Mais pour avoir droit à une bonne comédie, il faudra repasser. "Camping", "Bienvenue chez les Ch'tis", "Les bronzés 3", "Boule et Bill", "Les seigneurs", etc... Les exemples sont aussi nombreux que récents pour étayer mes dires. Des castings impressionnants pour des divertissements bien pitoyables au final (et encore je suis gentil là). "Les profs", de Pef Martin-Laval, à sortir très prochainement et qui s'annonce d'ores et déjà d'un niveau des plus affligeants (et je suis gentil une deuxième fois en quelques lignes), devrait encore me donner raison.
Mais de temps en temps, un léger vent de fraîcheur peut s'abattre sur certaines de ces dites comédies françaises. Et "Radiostars" fait partie de cette petite brise plutôt sympathique. Bon, on est encore loin du chef-d’œuvre culte et intemporel façon "Les bronzés 1 et 2" ou "Les trois frères", mais il y a de l'idée. Pas mal d'idées même. Le casting est un mélange habilement dosé des irréfutables acteurs bankables nécessaires pour monter un projet de long-métrage viable de nos jours (Clovis Cornillac et Manu Payet), de seconds couteaux que l'on aimerait voir affûter plus souvent (Pascal Demolon), de nouveaux-venus qui tirent parfaitement leur épingle du jeu (bonne découverte que ce Benjamin Lavherne), mais aussi d'un éternel incontournable, à savoir le fils du producteur qui niera mordicus avoir décroché son premier rôle au cinéma grâce au piston (Douglas Attal). Bref, cette belle bande de joyeux lurons - ou de pieds nickelés, au choix - incarne avec un certain brio et une vraie bonne humeur les trublions d'une émission de radio n°1 en France qui vient tout juste de se casser la gueule au second rang, faute de suffisance et de grosses têtes. Ils sont donc contraints par leur boss de partir tout l'été sillonner les routes de Navarre à la reconquête de leurs auditeurs perdus en réalisant des émissions en direct-live. Ce qui donnera lieu à des situations détonantes comme à une remise en question du groupe.
Dans ce "feel-good movie", ce n'est pas le scénario en lui-même qui brille de mille feux : on devine les yeux fermés que le personnage central, le dénommé Ben, en échec professionnel et sentimental, va y trouver le succès et l'amour, que cette bande de copains va à un moment se déchirer pour mieux se raccommoder dans un final plein d'espoir... Non, ce qui marche vraiment ici c'est en grande partie l'écriture des dialogues (spécialité française en même temps !). Ils sont plutôt bien écrits, certaines vannes étant tout à fait savoureuses, et les quiproquos rigolos ne manquent pas. Et puis, là où beaucoup font état d'une incroyable paresse, le film fait preuve d'une assez belle richesse dans le développement de ses personnages, à tel point qu'on a souvent envie de faire partie de cette équipe de potes aux personnalités bien définies, campés par des comédiens qui n'essaient pas à tout prix de tirer la couverture pour leur propre promotion. Premier film d'un ancien animateur radio, "Radiostars" n'est peut-être pas une grande révolution dans le genre, mais on passe un agréable moment. On se prend même à rire de bon cœur, chose devenue (trop) rare dans beaucoup (trop) de comédies...
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