Une bande de joyeux drilles tient fermement la barre de la matinale la plus écoutée de France. Ils peuvent tout se permettre, tant que les audiences suivent. Mais le jour elles celles-ci commencent leur plongeon, le big boss envoie toute la troupe en tournée pendant l'été en province pour rencontrer la France d'en bas et booster les résultats de la station. Pas de quoi mettre en joie notre troupe de parisiens qui se retrouve parachutée dans une France qui ressemble à s'y méprendre à celle de Jean-Pierre Pernaut avec ses artisans locaux, ses petites places champêtres et ses fromages excentriques. Sans parler de ses hôtels pourris, de ces beaufs qui pullulent et de sa faune dangereusement agressive. Un vrai cauchemar.
Le film est survendu à grand renfort de prix, de quotes enthousiasmées et d'un très beau label des spectateurs UGC. (Première ose déjà la comparaison avec Intouchables...). Gonflés à bloc, les exploitants espèrent un nouveau miracle de la comédie locale, quelques mois après avoir rempli leur caisses avec un grand black déconneur et un handicapé en fauteuil. Peine perdue, car si il faut chercher une filiation à Radiostar, elle se situerait plutôt du côté des Petits Mouchoirs. Un cinéma populaire assez formaté, qui veut faire rire mais sans froisser grand monde, qui multiplie les gags mais sans jamais oublier que l'amitié, l'amour et la fidélité sont plus forts que tout. Un cinéma qui cache sa faible qualité d'écriture derrière un vernis sympathique, des personnages faciles et quelques vannes efficaces. Un cinéma où la mise en scène et le montage sont d'une linéarité confondante, et où quelques jolis tubes pops couplés à des travellings sur nos plus beaux paysages servent de cache-misère.
Il y avait pourtant de quoi faire à travers la découverte de la France profonde, mais le film ne parvient pas à trouver le ton juste, et multiplie les longueurs en restant centré sur la trajectoire des quatre animateurs. Avec cette bande un peu déjantée, on pouvait au moins s'attendre à quelques incartades sur le chemin. Mais Radiostars n'est jamais osé, ni subversif, et prend grand soin de cacher ses blagues les plus osées entre une solide croute de politiquement correct, et une sévère couche de moralisation. Alors oui, on s'amuse parfois de la gentille vulgarité de Manu Payet ou des crises de nerfs de Clovis Cornillac, qui passent plutôt bien les plats, mais jamais très longtemps. A chaque situation comique, on oppose immédiatement son pendant plus sérieux, comme si le réalisateur avait peur de ne livrer qu'un gros délire, et se sentait obligé de déclencher immédiatement une engueulade ou une tirade philosophique sur l'importance du vivre ensemble.
Derrière la bande de joyeux déconneurs, le film se recouvre donc continuellement d'un vernis des plus consensuels, ce qui a souvent pour effet d'étouffer les quelques fous rires que l'on peut trouver au bord du chemin, souvent grâce à des seconds rôles dont on explore jamais le potentiel. Les rares personnages vraiment réussis (le chauffeur(euse) de bus et la rappeur au coeur d'or) ne font donc que passer pour ne pas voler la vedette à la grande amitié qui va finir par unir tous ces parisiens autocentrés, qui vont découvrir leur vraie nature au contact des vraies gens.
Car rassurez-vous, l'amitié est plus forte que tout, le timide trouvera sa voie, quelques coups en douce ne vaudront jamais un amour sincère, la papa sera fier de son fiston, et le vilain patron retournera la queue entre les jambes dans son bureau d'angle avec vue. Jusqu'à la dernière scène, le balancier entre la comédie pure et le film de potes oscille sans jamais réussir à trouver son équilibre. Alors il y a de quoi passer une soirée peu sollicitante avachi sur son canapé. Mais si c'est ça, le renouveau de la comédie française, on a plus qu'à faire nos valises
.
http://dh84.over-blog.com/