Ainsi donc, "Miss Peregrine et les enfants particuliers" a été approuvé par le Club300… Oui bon eh bien… j’ai beau faire partie du Club300, je ne partage pas cette recommandation. Il faut dire que déjà, la bande-annonce ne m’avait pas convaincu. Bon j’admets qu’en la matière, il y a souvent à boire et à manger. Des fois tout ce qu’il y a à voir est dedans, d’autres fois elle ne reflète pas la qualité du film, que cette dernière soit bonne ou mauvaise. Et voici ce que j’en pense. Comme à son habitude, Tim Burton signe un très beau générique de début : sur une musique qui fait penser l’espace d’un instant à une atmosphère du genre "La famille Adams", il est si soigné que son apparence en met l’eau à la bouche du spectateur. Là on reconnait aisément son savoir-faire. Seulement voilà : Tim Burton a perdu de sa superbe en conteur d’histoires. Autrement dit, il serait opportun que le réalisateur se tourne vers les clips-vidéo. Le véritable enjeu du film met du temps à se dessiner. Beaucoup de temps. Trop de temps. Pendant une grande partie, on suit les pérégrinations d’un adolescent pris entre les curieuses histoires de son grand-père et l’éducation plus terre à terre de ses parents. A cela on rajoute un jeu d’acteur pas terrible terrible, à commencer par Asa Butterfield, lui-même un peu spectateur hébété de cette intrigue. Quand des acteurs, notamment les principaux, ne semblent pas y croire eux-mêmes et ont toutes les peines du monde à retranscrire les émotions, comment voulez-vous que le spectateur puisse être véritablement tenu en haleine par une histoire en fin de compte pas si extraordinaire que ça, à défaut d’être palpitante ? Je vous l’ai dit, pendant toute une première partie, on piétine. Si le réalisateur voulait nous mettre au même niveau que Jake, c’est réussi. Mais l’inconvénient de ceci, c’est que le spectateur finit par marquer un relatif désintérêt, et par conséquent il ne rentre pas totalement dans cette histoire. J’ai même surpris mon esprit en flagrant délit de vagabondage vers "Arthur et les Minimoys", tant les bases de départ sont ressemblantes : un jeune héros suit les traces de son grand-père, jusqu’à découvrir un monde mystérieux et bien caché. Mais la comparaison s’arrête là. Le titre laisse augurer d’une grande présence de la dite Miss Peregrine, mais ce n’est pas le cas. Certes Eva Green et son regard perçant donnent beaucoup de caractère à son personnage, il n’en reste pas moins qu’elle fait plus de la figuration qu’autre chose. De plus, je suis resté perplexe devant le fait qu’elle se laisse capturer aussi facilement. Malgré un splendide faux-raccord étonnant de la part de Tim Burton (Miss Peregrine griffe la joue droite de son adversaire, et sur le plan d’après c’est la joue gauche qui porte les traces ; ou encore l'arbalète qui change de main alors que celui qui le tenait venait d'affirmer qu'il visait mieux que Jake), celui-ci parvient tout de même à apporter sa patte pour nous faire rester dans son univers si particulier et créatif, et cela dans une ambiance un peu moins sombre qu’à l’accoutumée. De la noirceur, il y en a quand même, et je ne dis pas seulement parce que Samuel L. Jackson est noir ! Ben tiens d’ailleurs, ironie du sort, c’est lui qui a décroché le rôle le plus noir des méchants… Trop lol ! Mouais, bon. Ça ressemble davantage à un mauvais rôle de clown tant ça parait grand guignolesque : jamais il ne s’inquiète de se faire tirer dessus à grands coups d’arbalètes (d’ailleurs, elles sortent d’où toutes ces flèches ???), et en plus tout le fait rire. Non franchement, il ne lui manque plus que la panoplie complète du clown, à commencer par un splendide nez rouge. Après, au niveau des effets spéciaux, il n’y a rien à redire bien qu’il soit curieux de faire sortir de l’eau un paquebot comme un sous-marin fait surface en toute urgence. En revanche, j'ai aimé cet arrêt sur images au moment de la remise à zéro de la boucle, montrant ainsi tout le détail des effets visuels, en particulier au niveau des gouttes de pluie. Pour conclure, cette adaptation de la trilogie littéraire de Ransom Riggs ressemble surtout à un mélange de "Arthur et les Minimoys" et de "X-Men" à la sauce Burton, sauf que la recette parait bien fade tant elle manque de sel dans le jeu des acteurs, tant le tour de main a été foiré par des erreurs étonnantes de la part d’un cinéaste pourtant connu et reconnu pour sa grande précision, tant par des comédiens qui peinent à émouvoir, et tant par un sacré manque de liant dans la narration. En regard de la note attribuée par les internautes cinéphiles, je suis désolé, mais Tim Burton n’est plus ce qu’il était. Et il faut se faire à cette idée, jusqu'à ce qu'il nous prouve le contraire...