Dans le langage familier, "CHRONIQUES SEXUELLES D'UNE FAMILLE D'AUJOURD'HUI" est ce que certains d'entre nous appellent un bon gros navet. Avec ses cadrages aléatoires entièrement filmés avec des caméras numériques bon marché, ses zooms, dézooms et changements de focals intempestifs, et son absence totale de soin apporté à l'éclairage, le film de Barr et Arnold possède l'esthétique vulgaire d'une mauvaise sitcom. Premier mauvais point. Et encore, le contenant pourrait presque passer inaperçu si le contenu avait un tant soit peu de gueule. Mais de ce côté-là aussi on frise le néant. Alors d'accord, Jean-Marc Barr est un admirateur absolu des techniques de mise en image radicales et naturalistes du Dogme95 initié par Lars Van Trier et Thomas Vinterberg, mais son talent doit être resté au fin fond de la grande bleue. Second mauvais point. Au pire, on se dit que l'on va peut-être tomber sur des acteurs justes, touchants, sympas ou sur la révélation d'une trombine encore inconnue que l'on espérera revoir dans un futur proche... Troisième mauvais point. La seule et unique chose ayant servi à la promotion de ce long-métrage peut être le fait que tous les actes sexuels tournés soient non-simulés. Les protagonistes ont donc du oublier de faire semblant, et donc véritablement forniquer devant la caméra. Hormis ce buzz dont l'écho résonne parfaitement dans notre société friande de sujets creux mais tapageurs, circulez, y'a rien à voir !
Pour la petite histoire - car oui malgré tout il y en a une, c'est celle d'un ado de 18 ans, obsédé à l'idée de perdre au plus vite sa virginité, et surpris en pleine classe en train de se masturber. Sa mère, une avocat BCBG, se rend alors compte que l'on ne parle du sexe que comme une question épineuse et gênante, et décide de l'aborder (très) franchement avec les siens afin que chacun puisse vivre son intimité dans l'harmonie la plus totale... Comme je le disais en préambule, les desseins de ce film sont vraiment louables, mais le problème ici est son approche, son traitement. Entre des comédiens (car oui on ne va pas appeler ça des acteurs non plus) qui pourraient à peine postuler pour le casting d'un épisode de "Plus belle la vie", et un scénario d'un vide abyssal qui tourne très vite en rond, on commence à trouver le temps long. Un comble pour un film qui ne dure que 75 petites minutes. Et puis, si on n'analyse que le titre, juste celui-ci est déjà très prétentieux. Je m'explique. On veut apparemment y décortiquer les méandres sexuels de chaque individu composant une famille lambda, mais l'on se retrouve là face à un bon gros cliché du cinéma français : tout se passe à Paris, dans les beaux quartiers, dans un milieu de petits bourgeois privilégiés. Ba oui, on va pas aller tourner en Province non plus, ou chez la classe moyenne, non mais dit ! Et puis niveau introspection de ces dites chroniques sexuelles, tout est centralisé sur des comportements primaires et libidineux qui rebuteraient un lapin. Pour de l'approfondissement psychologique, il faudra repasser plus tard. Les deux réalisateurs nous vendent leur projet comme une comédie légère, alors la légèreté oui, on la voit bien, ça pas de problème, mais le comique... Enfin si en fait, le film est tout de même drôle à son insu, et ne faisons pas la fine bouche, c'est déjà beaucoup quand il y a peu à prendre. Ce en grande partie grâce à la voix-off de Mathias Melloul rythmant le film et jalonnée d'expressions et de réflexions djeun's dépassées depuis 1983, mais aussi, et surtout, grâce au personnage de la mère de famille tenu par Valérie Maës, affolante de nullité. C'est bien simple, ses répliques mériteraient une place au Panthéon de l'insipide. Oui, car à l'image du script, du jeu, et de la mise en scène, les dialogues sont affligeants. Jugez par vous-même : après nous avoir sorti avec un regard béotien la très profonde citation "quand on aime la vie, on aime le sexe", cette-dernière ne manque pas de nous vanter les mérites du métier de prostituée comme un des plus beaux du Monde...
La portée philosophique et sociologique de ce médiocre pamphlet ne va bien entendu pas plus loin que la portée créative et artistique d'un album de Lorie, et ces "CHRONIQUES SEXUELLES D'UNE FAMILLE D'AUJOURD'HUI" sont tout juste sauvées par le fait que, malgré la compilation des scènes de sexes non-simulées, elles ne tombent pas dans la surenchère de voyeurisme et de vulgarité. Le reste du film évoque bien la masturbation : une fois fini, il ne reste plus grand chose à retenir de ce geste vide et l'on passe vite à autre chose.
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