L'idée de départ peut sembler attractive & si certains accents comme les costumes ou les voitures, voire certaines chansons, nous plongent avec nostalgie dans les années 70, on déchante hélas bien bien vite.
Le film démarre en eau de boudin sur un fond d'adultère, prétexte à des vacances forcées en Bretagne
. On a envie de croire en ces personnages, à leur histoire. Mais tout sonne faux. Il n'y a aucun liant, les acteurs enchaînent les situations machinalement, on se demande où est le couple en crise. Tout se fait sans passion. On nous parle d'une bande de potes, ça sent effectivement la bande de potes venue en vacances sur le film, sans que personne n'arrive à sortir du lot ni à trouver sa place.
On enchaîne alors les clichés sur les Juifs & les Bretons, les premiers tout droit sortis du Grand Pardon mais relookés façon "Saturday Night Fever", Les seconds comparés à des campagnards incultes et même débiles, on est mal à l'aise devant la grosseur de certains personnages.
Après "Bienvenue chez les Ch'tis", c'est Genre" La vérité on se fait chier en Bretagne". Les enfants sont peut être les plus attachants, et encore, j'ai envie de dire on n'est pas devant " L'instit' " et Gérard Klein nous manque pas trop en fait.
Le choix de certains acteurs paraît judicieux de prime abord, Gérard Darmon, pourtant un acteur excellent dans de nombreuses comédies, semble se demander ce qu'il fait là, avec une perruque décolorée qui frise le ridicule. Julie Gayet, pourtant habitué au film d'auteurs et à des choix plus éclairés, est peut être la plus crédible en femme trompée et humiliée. Dommage qu'elle trouve refuge dans les bras d'un Bernard Yerles tout droit sortis d'un téléfilm du lundi soir ,estampillé TF1, à vrai dire le niveau de cette comédie. Quand on voit Nicole Calfan & Alain doutey, on se croirait même dans les "Grandes marées".
On remarque assez vite que Philippe Lellouche a réuni ses acolytes du théâtre, David Brécourt, qui campe un simplet qui agace autant qu'il n'est crédible. Christian Vadim lui doit se avoir du mal à porter l'héritage familial, tant sa prestation est fade et insipide, pour le coup ça lui va bien de s'appeler Jacky. Et bien sûr sa femme, sa chère Vanessa Demouy. Elle est aussi impressionnante dans son jeu qu'à l'époque de Classe Mannequin, c'est dire.
Bref, on se surprend à attendre qu'il se passe quelque chose, rien à part
Darmon qui se languit d'une bonne kémia ou Phillipe Lellouche, qui s'est donné le "beau rôle", mari salaud mais qui ne regrette rien, qui semble subir son union plus qu'il ne la vit et qui vient jouer l'homme providentiel. Le mec en deux semaines c'est le prince de la ville, il redonne du lustre à tous les business du village.
Le film fait 1H32 je me demande comment j'ai pu tenir jusqu'à 1H16... peut être l'attente désespérée de voir enfin quelque chose. On est bien loin de la comédie nostalgique réussie,ni de la canicule de 1976 si bien retranscrite dans le drame éponyme d' Yves Boisset.
Phillipe Lellouche a voulu nous parler de ses souvenirs d'enfance, il les a malheureusement déformés ou du moins enrobés de poncifs et même la narration efficace de son frère Gilles n'arrive pas à nous faire oublier l'aspect grossier et décousu de ce film, qui part d'une bonne intention mais n'arrive jamais à trouver son rythme. Ca manque de maîtrise et surtout d'authenticité, la campagne peut être rustique sans être ridiculisée par des clichés absurde sur le monde paysan. Ca ne sent pas le vécu , ça sent le réchauffé , les souvenirs écrasés par les années et ressortis pour l'occasion, mis bout à bout sans réellement y croire.