Sorti l’année dernière, Zulu est un superbe thriller noir réalisé par le français Jérôme Salle, notamment connu pour avoir mit en scène les deux films portant sur le célèbre personnage de bande-dessiné, Largo Winch. Le réalisateur français, qui est un des rares à pouvoir réaliser de vrais films d’action ou thriller à la française, signe avec Zulu son meilleur film : un implacable et âpre thriller porté par deux acteurs magnifiques. Dans une Afrique du Sud encore hanté par l’Apartheid, deux policiers, un noir, Ali Sokhela et un blanc, Brian Epkeen, pourchassent le meurtrier sauvage d’une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser les existences des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs. Sorti en décembre 2013, le film Zulu de Jérôme Salle n’a certes pas connu un très grand succès au box-office français, seulement 282 861 entrées, mais il faut tout de même souligné qu’il a été présenté dans la catégorie hors compétition au 66ème Festival de Cannes et en tant que film de clôture, et avoir été présenté dans le plus grand festival de cinéma de la planète vaut une certaine réputation. Et en plus de ceci, Zulu se trouve être un très bon thriller ou polar qui met en scène une enquête assez glauque et très dure dans un des pays les plus violents au monde qu’est l’Afrique du Sud, toujours gangrénée par la violence et les souvenirs de l’Apartheid. Le film de Jérôme Salle est adapté du roman éponyme de Caryl Férey qui a obtenu pour cette prenante histoire le Grand prix de la littérature policière en 2008. Jérôme Salle signe avec Zulu son meilleur film depuis le Largo Winch premier du nom, excellent film d’aventure à la française. Mais le réalisateur français a ensuite déçus en 2011 avec Largo Winch II, une suite pleine de clichés où il n’y a pas de scénario très fascinant et où les acteurs ne sont pas au top. Mais c’est alors que notre réalisateur français âgé de 47 ans revient avec un thriller brutal et puissant intitulé Zulu dont l’histoire nous emmène, au travers d’une enquête assez sombre, dans les bidonvilles et les quartiers riches de l’Afrique du Sud avec le destin de deux policiers, un noir et un blanc. L’histoire démarre au début assez tranquillement pour très vite s’emballer lorsqu’arrive un affrontement très violent sur une plage entre nos deux policiers plus un de leur collègue et des dealers, le troisième policier du trio n’en sortira pas vivant, assassiné d’une manière choc et très brutale dont la scène vous reste en tête. Mais le film ne constitue pas qu’une simple enquête sous la forme d’un jeu de piste, qui vous tiendra en tout cas en haleine jusqu’au bout, c’est aussi un film psychologique car cette traque se révèlera très perturbante pour nos deux héros qui vont replonger dans leur souvenirs et livrer bataille avec leurs démons intérieurs comme le dit le synopsis. Le premier, le policier noir nommé Ali Sokhela, interprété par un magistral Forrest Whitaker, sombre petit à petit dans l’obsession et la violence pour arrêter les tueurs et pour démanteler le complot qui se tient plus haut encore que dans de simples groupes de dealers, lui qui au départ disait qu’il faut pardonner les coupables des crimes contre les populations noirs durant l’Apartheid pour éviter d’autres affrontements et lui qui mettait en avant cette phrase : « Si tu veux faire la paix avec ton ennemi, travail avec ton ennemi et il devient ton partenaire. ». Le personnage, toujours hanté par les violences de l’Apartheid, subit une véritable évolution psychologique durant son enquête qui bouleversera à jamais son existence. Et c’est la même chose pour l’autre policer blanc, Brian Epkeen interpréter par un très grand Orlando Bloom qui prouve qu’il peut jouer d’autres rôles que ceux d’un elfe et d’un pirate. L’acteur domine le film avec Forrest Whitaker par son imposante présence et livre un personnage, lui-aussi torturé psychologiquement car rejeté par son fils, son ex-femme, il est alcoolique et va voir ailleurs tous les soirs. Mais il n’en reste pas moins un homme courageux, âpre et violent, fidèle à son collègue et ami Ali, qu’il va aidé durant son enquête. Zulu, avec ses acteurs habités par leur rôle et son scénario à la fois simple mais complexe car il met en avant l’idée du pardon, idée symbolisée au départ par le personnage de Whitaker puis par celui d’Orlando Bloom qui a la fin du film décide de pardonner à un de ses proches. De plus la vengeance y est montrée comme inutile ou absurde car, toujours, il est évoqué l’idée de justice et de pardon, mais le personnage de Whitaker, porteur de cette idée, ira à l’encontre de celle-ci suite à évènement traumatique majeur de sa vie qu’il vivra dans cette enquête. Le film possède aussi une excellente mise en scène, en caméra à l’épaule lors des scènes d’action par ailleurs très intenses et réalistes, et il fut entièrement filmé en Afrique du Sud ce qui nous donne de superbes plans des Townships, des quartiers riches et des paysages naturels du pays de Nelson Mandela, film qui reprend donc ces idées de pardon, et cela amplifie également le réalisme dans cette histoire pleine de violence certes, mais aussi pleine d’humanité. Bref pour conclure, Zulu ne m’a pas déçus car tout y est, le scénario, les acteurs, la réalisation et la musique aussi. Ce quatrième long-métrage de Jérôme Salle prouve qu’il est un réalisateur français très doué pour mettre en scène des films policiers ou des thrillers avec à la clé des réflexions très intelligentes et puissantes.