Depuis un bon bout de temps déjà (depuis le Festival de Cannes 2011 en fait), je me dis qu'il faut que je voie "Take Shelter", second film de Jeff Nichols, réalisateur qui monte en notoriété depuis quelque temps déjà, notamment avec son récent "Mud" (qu'il faut que je voie aussi). Et, enfin, je l'ai vu. Toutefois, je dois admettre que, si le film de Nichols est travaillé et possède une excellente ambiance, j'ai été un peu déçu. Disons que je m'attendais à une descente aux enfers des plus violentes dans la folie, alors que durant les deux heures de film, les états d'âmes de l'excellent Michael Shannon sont quelque peu aseptisés. "Take Shelter" avait tout l'air du film indépendant original, sur lequel plane une certaine influence hitchcockienne, qui mettait les nerfs des spectateurs à vif. Malheureusement, je n'ai rien ressenti de tout ça. Le long-métrage de Nichols se laisse suivre avec plaisir, il faut le souligner, mais il manque cette profondeur, ce suspense qui aurait fait plonger le spectateur en plein dans les peurs du personnage principal. Ici, je n'ai jamais eu l'impression d'être impliqué dans les événements, si ce n'est lors de la dernière demi-heure ou enfin, tout s'accélère et ou l'horreur se fait ressentir. Malgré une réalisation aux petits ognons, "Take Shelter" manque d'âme et s'étire souvent en longueur. Si Shannon et Jessica Chastain parviennent à camper leurs personnages avec une grande crédibilité, je dirai qu'il manque au scénario une intensification des événements, car souvent on ne se retrouve que simple spectateur de ce qui se passe, sans être impliqué ou ressentir une quelconque émotion concernant les principaux protagonistes. "Take Shelter" se laisse suivre dans déplaisir, mais ses nombreux défauts, essentiellement du point de vue scénaristique (subjectivement parlant) donne la sensation que Jeff Nichols aurait pu faire bien mieux. Dommage, car les idées étaient là, mais pas le cœur...