Le réalisateur-scénariste Djamel Bensalah s'est converti en un véritable spécialiste de la comédie mettant en scène des jeunes de banlieue se retrouvant dans des situations improbables. Ainsi, c'est à lui que l'on doit la troupe du Ciel, les oiseaux et... ta mère ! (1998), les rebondissements sportifs du Raid (2001), la sucess-story algérienne d'Il était une fois dans l'Oued (2004) ou encore le choc des cultures de Neuilly sa mère ! (2008).
C'est à croire que Djamel Bensalah et Julien Courbey sont inséparables ! Les deux hommes avaient en effet déjà collaboré à cinq reprises pour le cinéma, dans Le Ciel, les oiseaux et... ta mère ! (1998), Le Raid (2001), Il était une fois dans l'Oued (2004), Big City (2006) et Neuilly sa mère ! (2008).
Il n'y a pas que Julien Courbey qui peut se vanter de ses nombreuses collaborations avec Djamel Bensalah ! Beur sur la ville marque en effet la cinquième collaboration entre le réalisateur et le directeur de la photographie Pascal Gennesseaux, après Neuilly sa mère ! (2008), Big City (2006), Il était une fois dans l'Oued (2004) et Le Raid (2001).
Booder, quant à lui, n'a tourné que deux fois avec Djamel Bensalah, mais le moins que l'on puisse dire est qu'il s'est vu offrir deux rôles très distincts. En effet, avant d'enfiler l'uniforme de la police nationale dans Beur sur la ville, il était apparu en chef de gang de la cité Picasso dans Neuilly sa mère !, en 2008. Autre promotion : c'est la toute première fois qu'il se voit confier la tête d'affiche d'un film ! Le cinéaste avait rencontré l'acteur alors que ce dernier montait son tout premier one-man-show, en 2003. A noter que le gang des Picasso de Neuilly sa mère ! comprenait également Steve Tran, interprète de l'ADS Henri Tong.
Issa Doumbia n'était pas le premier choix de Djamel Bensalah pour interpréter le très sensible Koulibaly. En effet, le réalisateur avait pensé à Omar Sy, spécialisé dans la comédie et plus connu du grand public. C'est Sy lui-même qui a soumis le nom de son remplaçant au cinéaste.
Le casting regorge de guest-stars de grande renommée, comme Josiane Balasko, Roland Giraud, Sandrine Kiberlain et Gérard Jugnot. Le réalisateur explique avoir fait appel à ces comédiens pour que son film jouisse de leur capital sympathie, mais également pour "jeter des passerelles entre les acteurs de la jeune génération et leurs aînés". Il convient cependant de préciser que Gérard Jugnot et Josiane Balasko ne sont pas des petits nouveaux dans la filmographie de Djamel Bensalah, les deux acteurs étant déjà apparus dans Le Raid en 2001.
Si sa filmographie est essentiellement marquée par les films historiques et familiaux, Gérard Jugnot avait déjà revêtu l'uniforme dans une comédie policière près de trente ans avant Beur sur la Ville, dans Pinot simple flic (1984).
Le problème lorsque l'on dirige des habitués de la scène tels que Booder, Steve Tran et Issa Doumbia, c'est qu'ils ont tendance à improviser. Si le réalisateur n'était pas contre l'addition de quelques répliques, à condition qu'elles ne dénaturaient pas le script d'origine, il lui fallut parfois couper ses acteurs dans leur élan, tant ces derniers avaient tendance à rallonger les scènes ! En revanche, le scénariste n'hésitait pas à recommencer une même scène des dizaines de fois, afin d'avoir "profité un maximum de [ses acteurs]" avant d'aborder la phase de montage.
Le choix de ne pas tourner en studio résulte moins d'une stratégie économique que d'une honnêteté intellectuelle. En effet, le réalisateur dit avoir souhaité tourner en banlieue (notamment à Saint-Denis, la ville de son enfance) "pour ne pas exclure du projet ces populations dont [il] parle". Certains habitants ont même pu obtenir des postes de figuration, de stagiaires ou de techniciens.
Interrogé sur ce qui a motivé l'écriture de Beur sur la ville, le réalisateur explique : "Aujourd’hui, la banlieue fait peur, les Arabes font peur. Mon souhait était de compiler toutes ces peurs jusqu'à créer des situations burlesques. Il n'y a que le rire pour désamorcer le sentiment de crainte." Il reconnaît cependant que la notion de peur n'est arrivée que dans un second temps, l'idée originale étant de monter une comédie sur le thème de la discrimination positive et l'égalité des chances.
Les chansons présentes dans le film furent soigneusement choisies et participent à la déconstruction d'un certain nombre de clichés. Ainsi, le réalisateur s'est amusé à prendre le contre-pied de l'image "banlieue-casquette-rap", à laquelle il a préféré des artistes intemporels tels que Maxime Le Forestier ou France Gall. A travers la personnage de Khalid, par exemple, il souhaitait montrer qu'un look vestimentaire n'induit pas forcément un penchant pour un certain style de musique : "ce n'est pas parce qu'on porte un jogging et une casquette qu'on écoute exclusivement du rap !"