Si vous m’aviez dit il y a dix ans, que Barry Levinson, réalisateur de Rain Man, allait tourner un film horrifique produit par Oren Peli et consorts, qui plus est en Found Footage, je me serais sans doute moqué de vous. Oui, j’aurais rétorqué que pour le coup que Woody Allen se mettrait au boulot sur une suite à Terminator, que John Carpenter allait nous sortir une comédie romantique et que Steven Spielberg allait réaliser son film de boules pour la maison Hustler. Bref, trêve de plaisanteries, Papy Levinson est bel et bien derrière la caméra d’un film à la mode, horrifique, catastrophique et dérangeant. The Bay, l’histoire de la contamination d’une population pour un phénomène très peu ragoutant, dans les cris et le sang.
Comme le vent la tradition, Levinson use de toutes les variantes possibles pour donner à l’image de multiples variations. De la webcam à la caméra de sécurité, en passant par le magnétoscope familial, tout y passe. Dès lors, si certains séquences sont réussies, d’autres le sont nettement moins. Il faut ici adhérer pleinement au concept pour ne pas hurler à l’escroquerie. Passer là-dessus, que reste t-il de The Bay, film se voulant choc en narrant de soit disant évènement réels? Une nuancé de bonnes intentions terrées sous un maximum d’artifices maladroits. Si certaines séquences peuvent toucher leurs cibles, d’autres ne font qu’alourdir le concept vidéos amateurs.
Peu ragoûtant, The Bay n’est pourtant ni terrifiant ni choquant. Se voulant le témoin d’évènements abominables, le film ne fait que montrer du doigt les éventuelles lacunes des autorités fédérales et régionales à l’annonce de la contamination en usant de quelques effets de manches trashy pour tenter le coup de choc. A vrai dire, en cinéaste intelligent qu’il est, Barry Levinson aura été meilleur pour heurter le public lorsqu’il évoque la mort, l’intervention meurtrière des deux flics en banlieue, plutôt que lorsqu’il tente de filmer du gore, du sang et les souffrances qui vont avec, le bloc opératoire, les cadavres,…
Pour tout dire, si le film n’est pas vraiment bon, il demeure plus ou moins correct du fait qu’un cinéaste résolument expérimenté est aux commandes. Si ce n’est pas vraiment un gâchis pour l’ami Barry, l’on est tout de même en droit d’attendre le bonhomme dans de bien meilleures dispositions. Un petit film du vendredi soir, dans les alentours des 23 heures, pour une soirée entre potes ou pour contempler une fois de plus que la pollution est vraiment un sujet à la mode. 07/20