Il est des films dont l’impact sur la pop culture est tellement énorme, qu’ils en deviennent des œuvres considérées comme majeures. Ce indépendamment de leurs qualités intrinsèques... C’est évidemment le cas de « Et Dieu créa… la femme ». Si sa première sortie française fut timorée, le film cartonna à travers le monde, notamment au USA et au Royaume-Uni, où il déchaîna les passions. Les scènes sensuelles avec Brigitte Bardot, et ce rôle de jeune femme aussi insolente que fraîche, faisant autant tourner les têtes que couler de l’encre.
Les acteurs principaux virent leur carrière propulsée en avant. Tandis que Brigitte Bardot devint une égérie des 60’s, de la sexualité, ou encore de la féminité. Roger Vadim, scénariste et réalisateur, connut la célébrité, au prix de son mariage avec Bardot, qui se brisa peu après la sortie du film. Celle-ci atterrissant provisoirement dans les bras de… Jean-Louis Trintignant ! Enfin, St-Tropez, petit village de pêcheurs connu de quelques initiés, fut placé sous les feux de la rampe, et se transformera en quelques années en une station balnéaire de riches.
Certes, mais quid du film ? Et bien il faut avouer que vu d’aujourd’hui, on peut avoir du mal à comprendre tout ce raffut.
D’abord, que les (a)mateurs se détendent, les scènes de nudité demeurent très prudes. Oui, ça a du faire tourner quelques têtes dans les 50’s, notamment ce plan totalement gratuit dans les premières minutes sur le corps nu de Brigitte Bardot (vu de dos). Ou cette séquence de danse lascive, par ailleurs sans doute la mieux montée du film. Mais pas de quoi vrombir non plus…
D’autant plus qu’à part cela, le film est monstrueusement statique. La mise en scène étant très sage, et l’intrigue sans grand intérêt. Qui des trois lascars la belle jeune femme sensuelle va-t-elle choisir ? Le jeunot gentil sans charisme ? L’entrepreneur cinquantenaire trop vieux et rigide pour elle, mais qui a du pognon et du statut ? Le loup aguerri qu’elle désire, mais qu’elle sait être une raclure ?
Alors je veux bien admettre qu’à l’époque, il était relativement novateur de montrer le désir et les choix féminins de la sorte. Le problème est que cette démarche est anéantie par le personnage de Bardot, une irrespectueuse immature qui tient davantage de la saboteuse de relation que de la jeune épicurienne. En conséquence, on n’éprouve aucune empathie ni pour elle… ni pour l’intrigue.
Sans compter le propos du film, soi-disant féministe. En réalité le comportement de la protagoniste est sans cesse moralisé par les autres personnages (hommes comme femmes). Et son univers est en permanence guidé par le choix des hommes, qu’elle se contente de suivre. Ce jusqu’à un final d’un conservatisme ahurissant pour une œuvre qui est censée représenter la sexualité et la féminité des 60’s.
Reste une évocation esthétique du St-Tropez pré-jet set, de bons acteurs dans les rôles principaux, et quelques bons mots çà et là.