Il faudrait probablement plusieurs pages pour dire tout le mal que je pense de ce film, mais on peut simplement le résumer à ce qu’il est au final : un bras d’honneur fait aux spectateurs.
On le sait, les bons pitchs ne font pas forcément les bonnes comédies. Mais prendre un mauvais pitch, c’est déjà se compliquer la tâche. L’idée (unique) du film est limpide : doubleuse attitrée d’une star américaine, Jeanne voit son avenir professionnel s’écrouler lorsque celle-ci décide d’arrêter de jouer dans la série qui l’a rendue célèbre. Elle décide alors de se rendre à Los Angeles pour la faire changer d’avis.
A partir de là, tout fout le camp. Munie d’une idée apparemment géniale, l’équipe du film ne s’est pas fatiguée davantage et jette Florence Foresti au milieu de L.A., avec Jamel en backup, imaginant que cela suffira bien pour faire rire le pékin moyen. La désinvolture avec laquelle la suite de l’histoire est développée est atterrante, enchainant sans vergogne les trous béants dans un scénario en roue libre sans consistance ni logique. Un seul exemple : Jamel et Foresti sont poursuivis par un hargneux méchant sur l’autoroute, qui leur tire dessus. Jamel prend la sortie du freeway, et à l’image suivante, on est ailleurs. Plus d’autoroute, plus de méchant, rien. Ou est-il passé ? Mystère. Après tout, c’est un film populaire, c’est pas comme si fallait qu’on soit cohérent à l’écran. Des raccourcis du genre parsèment un film qui en devient embarrassant, car il est complètement absurde, en plus de ne pas être drôle.
Car pour faire rire, nos deux joyeux lurons disposent de deux ressorts principaux. Le premier consiste à se faire jeter de toutes les entrées possibles (soirées, parcs, bureaux, hôtels, ..) pour mieux réussir à se faufiler quelques minutes plus tard. C’aurait été amusant si les auteurs avaient été un tant soi peu inventifs sur les moyens et les entourloupes. Ce n’est jamais le cas, et Jamel prouve à la Terre entière qu’on peut rentrer dans les studios Paramount aussi facilement que dans les Galleries Lafayette un samedi après-midi. Mais comme la suite du film se passait à l’intérieur, fallait bien les faire rentrer, et tant pis si ça ne tient pas debout. Consternant.
Mais ce n’est pas encore le pire. Dans un louable soucis d’accessibilité aux moins anglophones de nos compatriotes, une grande partie des dialogues de Jamel et Foresti sont réalisés dans un franglais insupportable, avec répétition systématique de la phrase en mauvais anglais après l’avoir dite une fois en français. Ca donne « Je vais le chercher, I am cherching quoi ». Mouarf mouarf. Pas une fois, pas deux fois… TOUT LE FILM. Horrible.
Et encore, on pourrait parler de l’épilogue en love story parachutée, des personnages secondaires insupportables, du zéro absolu du rythme et du sens comique, mais on en aurait pour la journée. On en vient alors à penser des choses saugrenues comme « Elle joue bien, en fait, Muriel Robin » ou encore « C’était pas si nul que ça, les Tuche finalement ». C’est dire…
On tient donc le mode d’emploi de l’escroquerie organisée de cette fin d’année. On torche un film honteux sans chercher à écrire un scénario qui tient la route ou des gags percutants. On met deux superstars sur l’affiche, on ne montre pas le film à la presse et on le sort sur plus de 700 écrans en espérant remplir le tiroir caisse avant que le bouche oreille ne le ramène plus bas que terre. Et même si ils ne sont pas directement responsables, ce n’est pas franchement pour faire honneur à Florence Foresti et Jamel Debbouzze. Il n’y a plus qu’à espérer que le box-office sanctionne avec le coup de pied au cul adéquat tous les protagonistes de ce très énervant ratage.