Après le surestimé mais néanmoins sympathique "District 9" dans lequel Neil Blomkamp faisait d'un film de science-fiction une métaphore de l'apartheid (assez peu réussie d'ailleurs), voilà le second long-métrage du sois-disant nouvel enfant prodige du cinéma SF. N'ayant qu'un simple aperçu en lisant le synopsis du film sur la toile, il est vrai qu'"Elysium" avait l'air d'être d'un blockbuster plutôt sympathique. Au final, si le nouveau long-métrage de Blomkamp est bel et bien sympatoche, il n'y a pas de quoi traiter le réalisateur sud-africain comme étant le nouveau messie du genre. Que les choses soient claires: "Elysium", contrairement à de multiples blockbusters débiles et qui frôlent à chaque minute l'overdose de conneries, est un agréable spectacle, qui ne mise pas l'intégralité de son histoire sur l'action (ouf!). Pourtant, si le bon divertissement est présent, "Elysium" possède de nombreux défauts. Tout d'abord, le film souffre de sa mise en scène assez peu recherchée. Blomkamp réitère ce qu'il a déjà fait avec "District 9", à savoir une sur-utilisation de la shaky-cam (la caméra à l'épaule en gros), ce qui est très désagréable pour suivre le fil des aventures du héros. Ensuite, l'autre problème vient du scénario. Comme je le disais, si l'aventure apporte son lot de fun, l'histoire manque de subtilité. La première partie dans les bidonvilles représente le meilleur moment du film et rappelle (encore et toujours) l'univers de "District 9". Puis, lorsque le personnage de Matt Damon, Max, se fait greffer son armure qui le rend ultra-puissant, le film s'enlise dans un film d'action cohérent, mais trop facile. Même chose pour le développement du sujet de la lutte des classes. D'un côté on a les méchants bourges qui vivent sur Elysium et de l'autre, les gentils prolétaires qui vivent dans la misère sans avoir les opportunités des riches. Si le sujet avait été mieux traité, on aurait pu avoir à faire avec quelque chose de gargantuesque. Malheureusement, Blomkamp utilise la voie de la facilité pour rester uniquement en surface, d'où une amère impression de bâclé. Toujours dans le même sujet, développer un peu plus l'univers d'Elysium pour le mettre au même niveau que la partie sur Terre aurait été la bienvenue. Même le personnage de la sois-disant grande méchante, interprété par Jodie Foster, est sous-traité. Bon, Sharlto Copley est nickel par contre dans son rôle de dégénéré et tant mieux! Il rattrape un peu les personnalités inexistantes des autres personnages. "Elysium" se veut comme un grand film de science-fiction, un chef d'oeuvre qui subsistera au fil du temps. Hélas, Blomkamp aurait du voir ses objectifs à la hausse et travailler un peu plus sur sa réalisation et sur le scénario qui sont imparfaits. A mon humble avis, loin d'être un petit prodige, Blomkamp est un réalisateur qui s'aventure sur les terrains qu'il aime, en l’occurrence la SF, mais sans la transcender non plus. En bref, je ne comprends pas l'engouement pour le bonhomme. Reste qu'"Elysium" est un film sympathique pour se détendre, mais c'est tout. On ne s'ennuie pas mais l'ensemble est tellement défectueux que l'on ressort avec une touche de déception. Reste que, malgré son sérieux, "Elysium" a le mérite de proposer autre chose qu'une vulgaire succession d'explosions pour satisfaire le spectateur lambda, même si les thèmes les plus graves (et les plus intéressants) du film sont survolés...