La haine, l'amour, la violence, le mensonge, la vie, la trahison, le bien, la mort, le mal... .
Après "Sekten" et "After the wedding" (avec Mikkelsen), Susanne Bier explore le rapport entre deux modes de vie diamétralement opposés. D'un côté, un fils qui a perdu sa mère et se referme petit à petit sur lui-même en faisant abstraction de son père, et de l'autre, un aîné qui se sent mal dans sa peau à cause de la séparation de ses parents et dont le père fait partie d'une ONG du genre médecins sans frontière.
Ici, à la place de dialogues percutants, les non-dits restent dans l'ambiance du métrage qui permet au spectateur d'interpréter ces silences comme il les entend. Pas de prose donc, des phrases assassines chocs et des silences qui en disent long... sur la violence que veut nous faire interpréter la cinéaste.
Ces pauses, lancées par les regards glaciaux et austères de tous les acteurs, s'avèrent être minutieusement orchestrées pour mieux imprégner la place que le montage du film a choisi de prendre, et ainsi nous imprégner de cette atmosphère languissante, parfois glauque, mais totalement réaliste et réelle que les adolescents subissent durant leur scolarité au collège. Confrontation aussi des parents envers les professeurs.
Des problèmes de sociétés donc, vues sous le côté occidental, mais aussi orientalement par le point de vue du médecin qui joue sa dernière carte dans un final majestueux, et toutes ses opinions de médecin du monde, par ses gants, lorsqu'il s'évertue à soigner les soi-disant "faibles". Mais qui sont les faibles ? Les pauvres, les gentils occidentaux, les parents divorcés, ou les enfants qui trépignent à la vie ? De ce fait, le problème de l'euthanasie est aussi évoqué. Brave Susanne Bier qui ne s'autorise aucun interdit. J'en redemande !!
Dans "Revenge", pas d'écart d'interprétation, tout le monde est magistral, les acteurs sont tous charismatiques, en passant sur toutes les générations qui se succèdent devant notre écran. Belle leçon de cinéma de la part de Madame la réalisatrice ! D'autant que la photographie est excellente, la musique, lancinante au possible, le montage, nerveux, et que la mise en scène coule de source. Autant le dire, un exercice de style pour une esthétique parfaite. Depuis "Gandhi", j'ai rarement vu une esthétique aussi minutieusement armée et soignée. C'est dire !!
Tous les sujets sont abordés (à la manière Bier mais pas comme le faisait Douglas Sirk) et la violence, de front, est omniprésente à travers les thèmes universels de l'amour, la haine, la fratrie, l'amitié et autres balivernes qui ne sont que ces non-dits, c'est-à-dire l'ambiance du film en lui-même. La cinéaste Bier œuvre sur tous les fronts, et sans pathos !!, nous prodigue une leçon d'espoir, d'humanité et de respect. Banco Madame la cinéaste !!
"Revenge" est un métrage dramatique danois à ne pas mettre dans toutes les mains (interdit aux moins de 15 ans et accord parental souhaitable !) et donc forcément un cru Bier de l'année 2011 à consommer avec modération. Oscar du meilleur film étranger amplement mérité. Un chef d’œuvre dans toute sa splendeur à découvrir de toute urgence !
Spectateurs, en-"Susanne"-inons nous !
Ce n'est pas la dernière bière que je boirais, soyez en assuré Madame la cinéaste !