Le 3e homme est un excellent film noir. Pour moi il n’y a vraiment rien à redire, c’est un métrage brillant. Déjà ce que j’ai apprécié c’est sa modernité. L’usage de la musique par exemple, est ici très moderne. A l’inverse de beaucoup de films de cette époque qui l’employait surtout dans un générique très conventionnel, ici elle a vraiment un style particulier et est employée à propos dans le métrage. Idem, la réalisation est hyper-inventive, avec des plans étranges, souvent tordus, en plongée ou contre-plongée. Elle est dynamique, et magnifie les décors qui sont remarquables. Le réalisme de cette ville de Vienne juste après-guerre, à moitié dévastée, quelle super idée d’avoir choisi ce cadre et de l’avoir si bien mis en valeur ! Les égouts, les hôtels magnifiques, les intérieurs rocailles, les rues interlopes, la grande roue, le film est un festival de superbes décors, portés par une photographie aux petits oignons, qui donne une ambiance quasi-expressionniste au métrage. Vraiment, sur la forme, rien à redire !
Côté interprétation c’est très solide également. Joseph Cotten trouve un bon rôle qu’il porte avec conviction. J’ai particulièrement apprécié son personnage et la relation qu’il entretient avec Alida Valli et son personnage, à contre-courant de ce que l’on pouvait attendre. C’est une excellente surprise, et les acteurs la rendent d’autant plus savoureuse ! Toutefois je dois avouer qu’en dépit de leur interprétation et de l’excellence des seconds rôles, dès qu’Orson Welles apparaît à l’image il pique la vedette ! Il est l’un des arguments majeurs de la seconde partie du métrage, imposant son physique charismatique sans difficulté.
Le scénario est parfait. Le rythme est très prenant, surtout dans la première partie, l’enquête est rigoureuse et rondement menée, il y a des touches d’humour et des répliques piquantes distribuées à bon escient le long du métrage. J’ai apprécié également l’entremêlement entre le polar, le film noir et le film historique, puisque l’affaire rejoint également une réalité historique dont le scénariste d’ailleurs avait été témoin à Vienne. A noter donc la progression singulière de la romance dans le film qui saura surprendre les amateurs d’histoire d’amour !
Pour ma part le 3e homme est typiquement le genre de métrage hyper efficace qu’on peine à voir. Tout est parfaitement aiguisé. On sent souvent un bon film au fait qu’il n’y a pas un personnage de trop, un personnage mal écrit, et là, c’est exactement ça, même le moindre valet à une écriture. Rien n’est laissé au hasard, et au bout du compte, un petit chef-d’œuvre, assurément. 5