Attention ! "Flypaper" est un film qui lorgne vers le burlesque. Le spectateur s’en apercevra assez vite par l’originalité du scénario. Pourtant, les braquages de banque constituent un sujet commun dans le 7ème art, mais celui-ci bénéficie d’un souffle nouveau par la mise en scène de deux équipes de braqueurs qui décident de cambrioler le même établissement... au même moment. A la différence près qu’elles n’ont pas les mêmes moyens. Cela va donner lieu à une farce, qu’on trouvera plutôt drôle à condition… de poser le cerveau ! Ainsi on s’affranchira du manque de réalisme amené par des ficelles assez grosses, quelques facilités scénaristiques
(je pense notamment à l’absence d’intervention des forces de police après l’explosion… ben oui, ne me dites pas qu’une telle explosion ne s’est pas entendue depuis l’extérieur !)
pour laisser libre cours à l’avalanche de gags et à un dénouement tarabiscoté pas forcément très précis. Comme l’a souligné l’internaute cinéphile Necrid, on se demande d’abord sur quoi on est tombé, avant de finalement se laisser prendre au jeu et rentrer dans le délire. Car au final, c’est ce qu’est "Flypaper" : un délire de 87 minutes. Le ton est rapidement donné par Patrick Dempsey, savoureusement psychotique au possible. Et puis on se laisse séduire par les facéties du tandem Pruitt Taylor Vince/Tim Blake Nelson, un duo parfait en bras cassés. D’ailleurs la simple révélation de leur pseudo fait rire tant les noms trouvés sont inattendus mais si… appropriés ! Et puis il faut dire que la réalisation, très dynamique, ne manque pas de punch. Ça frise le rythme du cartoon, pas du genre Tex Avery mais pas loin. Le casting y est pour beaucoup car il s’en donne à cœur joie, que ce soit les acteurs précédemment cités ou que ce soit Mekhi Phifer en chef de bande dépassé par les imprévus, ou Matt Ryan en génie de l’informatique à l’ego surdimensionné. Octavia Spencer fait partie de la distribution mais reste anecdotique et n’aurait même servi à rien s’il n’y avait pas eu sa banderille lors de sa première apparition. Il en ressort un film totalement barré, reposant essentiellement sur le ridicule des situations. Dans tous les cas, le style est pleinement assumé, mais pas forcément décérébré. En effet, les rebondissements sont nombreux et l’intrigue se révèle plus complexe qu’il n’y parait. Celle-ci aurait été sans doute mieux servie par un humour plus fin et une meilleure écriture des enjeux, tout du moins des tenants et des aboutissants qui font de ce double cambriolage un braquage hors du commun. Pas de quoi trop réfléchir donc puisqu’on se laisse porter par les événements, et ça ne fait pas de mal non plus à ne pas avoir de temps en temps à se triturer l’esprit, d’autant plus que ce film a été placé davantage sous le signe de la comédie qu’autre chose. Un choix parfaitement illustré par la partition de John Swihart. Il en résulte un direct to video tout à fait honorable dans le rayon du pur divertissement.