Comédie romantique chorale, avec un casting énorme d’étoiles montantes ou déjà scintillantes, Crazy, Stupid, Love est un second essai des deux réalisateurs Glenn Ficara et John Requa. Le film est vraiment classique mais vient se positionner dans la moitié haute du genre, à savoir une comédie romantique assez efficace, et notamment grâce à ses acteurs, ainsi qu’un véritable savoir-faire technique. Ce qui n’en fait pas un film inoubliable pour autant. Dans une ouverture géniale, deux visions totalement opposées de cette la crise de début du couple de la cinquantaine, et déjà s’installe une mélancolie qui accompagnera le film pendant une bonne moitié. C’est que le couple constitué de Steve Carell et Julianne Moore fonctionne parfaitement, créant assez naturellement une véritable alchimie entre eux. Mais rapidement cette histoire de couple s’efface au profit du seul personnage de Cal et sa micro-dépression jusqu’à sa rencontre avec Jacob. À ce moment là le film change déjà de ton et la neutralité absolu de l’un tranche avec l’hypersensualité de l’autre. Le duo de réalisateurs a très bien saisi l’aura qui se dégage de Ryan Gosling et il leur suffit d’une scène, quelques cuts et un ralenti, pour créer un symbole. Rien que de très classique dans tout ça, un playboy rayonnant qui va transformer un looser en prédateur du sexe, mais le traitement apporté diffère, refusant la déshumanisation complète. Un autre intérêt évident vient de l’opposition des évolutions des deux personnages, empruntant deux chemins inverses en ce qui concerne leur vision du sentiment amoureux. Ainsi, plutôt drôle, parfois presque touchant, Crazy, Stupid, Love ressemble tout à coup au sauveteur de la romcom, un film qui prendrait un genre paresseux pour lui insuffler gentiment mais franchement une touche d’insolence bienvenue. Le pari semble tenu jusqu’au dernier acte, franchement embarrassant. En effet, cette fin détruit à peu près tout ce que l'on avait pu voir avant. À trop vouloir pousser sur les sentiments, la machine déraille et on n’y croit plus, persuadé qu’une autre conclusion aurait abouti sur un film autrement plus grand. Le film vire donc dans la pure niaiserie. Reste que Crazy, Stupid, Love brille souvent, porté par une famille d’acteurs tous remarquables de justesse dans un bel éventail émotionnel, qu’ils sont merveilleusement dirigés et surtout très bien castés (Kevin Bacon y est magnifique en amant un peu con par exemple) que jusqu’à la conclusion le scénario était assez brillant et que Glenn Ficarra et John Requa proposent quelque chose qui n’a rien d’extraordinairement innovant en terme de mise en scène mais qui supplante facilement bon nombre d’exercice du genre, généralement réalisés par des tâcherons sans véritable talent pour construire quelque chose de visuel. On est donc à la fois déçu et à la fois de bonne humeur. Mais le film n'est pas inoubliable.