Quand je dis qu’il faut toujours se méfier des gros castings… Car un casting 5 étoiles ne fait pas forcément un bon film, et cela se vérifie encore une fois ici. Chers lecteurs, chères lectrices, ce n’est pas parce que "Potiche" a bénéficié lors de sa promo d’un énorme tapage médiatique qu’il faut absolument se lancer dans l’achat aveugle du DVD. Car je vous le dis, le DVD fera potiche sur votre étagère, à se couvrir de poussière, tant vous n’éprouverez jamais le besoin de visionner à nouveau ce film. Et même s’il devait repasser à la télé, il est très probable que vous regarderez autre chose. Parce qu'on ne peut pas dire que la mayonnaise prend complètement. Pourtant, le rythme est bon. Très inégal mais bon, alternant judicieusement les moments de réflexion avec les moments où tout s’enchaîne. En très grande forme, Fabrice Luchini remporte la palme de l’interprétation, loin devant des acteurs reconnus de tous, comme Gérard Depardieu ou Catherine Deneuve. Cette dernière fait tout ce qu’elle peut pour interpréter au mieux la bourgeoise coincée et soumise, avec des attitudes de princesse disneyenne s’extasiant devant les animaux comme si elle les voyait pour la première fois. Mais voilà : elle a beau se démener pour donner de la consistance au rôle principal, son jeu parait un peu too much, et prend des airs de caricature un peu trop appuyée. Et elle n’est pas la seule à tomber dans le jeu exagéré. Tout est surjoué, c’est assumé, et ça on ne peut pas l’enlever, d’autant plus que les acteurs semblent s’être particulièrement amusés à tourner ce film. Seulement l’effet retors de cette perpétuelle exagération, c’est qu’il n’y a pas grand-chose de drôle, alors que "Potiche" est l’adaptation de la pièce éponyme de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, dont le rôle-titre a été tenu entre autres par l’inimitable et regrettée Jacqueline Maillan. La reconstitution des années 70 est réussie, surtout quand on regarde les coiffures, les costumes, les transistors, et… le détail qui tue : les tapisseries ! C’est à se demander si le film n’a pas été tourné dans un musée des revêtements de murs… Bref ! On constate aussi avec bonheur que les bas étaient encore préférés aux collants, sublimant encore un peu plus les jambes ensorcelantes de Karin Viard. Les véhicules sont là également, avec la Renault 16 TX, la Mercedes classe S (W116), ou encore l’Autobianchi A 112 en fer de lance. Les deux derniers véhicules que je viens de nommer trahissent par ailleurs la différence de statut entre les deux personnages principaux, accessoirisant ainsi cette satire sociale sur la condition des femmes, le syndicalisme, les chefs d’entreprise, et les errements de la politique. Pour autant, tout n’est pas parfait. Aujourd’hui devenus de vraies pièces de collections, les nombreux véhicules garés les uns derrière les autres dans la rue sont tous aussi rutilants que les autres. Et puis il y a ce titre, "Emmène-moi danser ce soir", véritable tube de Michèle Torr, qui est un anachronisme. Pas énorme en soi, mais ça fait désordre quand on sait que ce tube est sorti en 1978 (si, si… j’ai vérifié) alors que l’histoire se déroule en 1977… "Potiche" n’est donc pas exempt de défauts, mais n’est pas désagréable à suivre pour autant, le meilleur moment se situant au retour du tyrannique Robert Pujol (Fabrice Luchini), alors en grande forme après sa cure de repos : les informations s’enchaînent à une vitesse folle, Suzanne Pujol (Catherine Deneuve) prenant un malin plaisir à enfoncer la tête de son mari. C’est là que les dialogues s’expriment le mieux, alors qu’ils restent un peu trop théâtraux par ailleurs. D’une façon globale, les acteurs semblent empruntés, mis à part Luchini et Viard. Et puis plutôt que de lui faire embrasser une carrière politique dont on n'a que faire, pourquoi ne pas se concentrer sur la vengeance d’une blonde autour de l’usine, où les revendications syndicales ont été finalement balayées d’un revers de la main ? "Potiche" est donc un film qui a voulu traiter de beaucoup de choses, tellement de choses qu’on survole la plupart des sujets, à cause d’un scénario à la fois hors-sujet et incomplet. Une œuvre finalement plutôt superficielle.