Pour commencer une carrière de cinéaste dans les années 80, il y a pire que de recevoir le Prix spécial du jury du Festival d’Avoriaz, qui plus est sous la présidence de George Miller ! Ce fut le cas de Luc Besson avec Le Dernier Combat. En pleine mode du film post-apocalyptique depuis le succès de Mad Max 2 du même George Miller, sorti l’année précédente, ce premier long métrage est en fait un prolongement de son court sorti deux ans auparavant (ce qui empêche toute idée de plagiat sur Mad Max 2) : L’Avant dernier.
Ainsi, le film garde l’esthétique du précédent avec un cinémascope noir et blanc et une absence de parole
(à l’exception de deux "Bonjour" dit par les personnages après que ceux-ci ait avalé une espèce de gaz, ce qui peut faire penser que pour une raison indéfinie, les humains ont perdu la parole et qu’ils ne peuvent la retrouver que par ce moyen)
. Le film se déroule toujours dans des ruines de bâtiments mais où ont tout de même survécu certains objets et meubles contemporains (l’Apocalypse parait donc un peu moins forte que dans un film comme Mad Max 2).
Malgré certains aspects non expliqués
(pourquoi pleut-il à un moment des poissons et à un autre des pierres, si ce n’est pour des raisons purement poétiques ?)
, le résultat est nettement plus maitrisé que L’Avant dernier (Besson faisant preuve d’un réel sens du cadre et du montage et ne présente pas encore certains tics de mise en scène, excepté une certaine tendance à la sensiblerie et à la naïveté) et la musique de Serra, nettement moins expérimentale et très marquée années 80, est beaucoup plus supportable pour le public. Seuls l’absence quasi-totale de dialogues et la simplicité du scénario (tout de même plus étoffé que dans son court métrage) peuvent à la longue donner une impression de longueur (malgré une durée d’1H32).
Le Dernier Combat est donc un premier film culotté de la part du cinéaste qui sera plus tard, surtout lorsqu’il deviendra producteur, le symbole en France du cinéma purement commercial.