Datant déjà de 1999, "Au Coeur du Mensonge" a indéniablement pris un coup de vieux au fil du temps (la coiffure de De Caunes, le visuel global) mais néanmoins cet aspect kitsch fait aussi partie du charme de ce film policier qui s'apparente à du Hitchcock théâtral, sorte de mélange entre crimes odieux
(la petite fille, l'écrivain)
, lieu isolé qui fait huis-clos et prestations d'acteurs bizarres pour le cinéma (Sandrine Bonnaire et Jacques Gamblin étonnent par leur jeu à vif, De Caunes donne le sentiment d'être comme à la télé). Sur le contenu d'ensemble, on peut pas dire que Chabrol s'attarde trop sur l'aspect investigation
(survolé dans les grandes largeurs; faut dire que Valeria Bruni Tedeschi est horripilante en commissaire, avec un ton vocal insupportable et un charisme faible)
, il préfère largement l'étude de moeurs
(adultère, rapports entre voisins au sein d'une même communauté, les ragots qui détruisent des réputations)
, un domaine où il excelle souvent, comme c'est encore le cas ici. Au final, au terme de près de 2 heures qui paraissent un peu longues par moments, la partie policière révèle tout son attrait à la fin, quand le dénouement, certes abrupt et bâclé
(les aveux de René)
, jouit des nombreuses fausses pistes
(l'écrivain est le parfait coupable à la base (il multiplie les astuces pour séduire Viviane (robe bleue, la nuit d'amour, dénigrement de René), met en rogne René (le tableau, les 4 vérités dites bourré), passe pour un coureur de jupons) mais une victime à l'arrivée; le meurtre de la fille n'est pas lié au trio principal)
et d'un côté ironique plaisant
(cette affaire a rapproché un couple en difficulté autour du mensonge alors que tout était fait auparavant pour les séparer)
. Bref, on notera quelques lenteurs dans la réalisation et une Valeria Bruni Tedeschi mauvaise, mais ces défauts ne gâchent pas la construction d'une intrigue bien huilée qui prend tout son sens à la fin.