L’ex-Nul Alain Chabat est un génie comique, ce que personne ne viendra contester au vu des grands moments de poilade qu’il nous réservait sur la chaîne cryptée et de la qualité inégalable de "La Cité de la peur" resté comme une des plus grandes comédies française. Et il fallait bien tout le talent du maître pour rendre acceptable un pitch aussi improbable (un chien se transforme en homme), d’inspiration bien plus américaine que française (ce que Chabat revendique). Car, si Didier est sans doute l’une des meilleures comédies de l’année, c’est grâce à son ton rafraîchissant et le sérieux avec lequel le réalisateur a traité l’aspect comique. Pas de vannes bas de plafond et d’humour beauf ici mais des dialogues ciselés (qui nous réservent de petites pépites dignes du JTN comme le gimmick "On ne sent pas le cul", "J’vais t’abandonner sur un parking moi", "l’arrêt du cul"…), des gags élaborés (les 3 skins qui écoutent leur musique, les 2 commentateurs sportifs, le spectateur qui préfère regarder son mini-écran plutôt que le match…) et même des privates jokes très sympas (le nom imprononçable de Didier en forme d’hommage aux frères Hazavanicius qui jouent d’ailleurs dans le film, les caméos de Chantal Lauby et Dominique Farrugia…). Comme souvent chez Chabat, les 2nds rôles sont époustouflant puisqu’on retrouve une Caroline Cellier étonnement lumineuse, la pétillante Isabelle Gelinas, l’apathique Lionel Abelanski, l’énervé Zinedine Soualem, la barrée Josiane Balasko, l’excellent Michel Bompoil en rival ou encore l’hilarant Dieudonné. Mais le plus extra reste les numéros d’Alain Chabat, qui nous livre une interprétation du chien criante de vérité, et de Jean-Pierre Bacri, exceptionnel de drôlerie avec ce personnage habituel de râleur au grand cœur. Quant à la mise en scène en elle-meêm, elle brille par son rythme et par le sérieux accordé au détail (les extérieurs de Montpellier sont magnifiques tout comme le Parc des Princes, les joeurs de foot sont de vrais professionnels parmi lesquels Kelban, Paisley, Distin, Belmadi…). Bref, "Didier" est la vraie bonne surprise de l’année à laquelle personne ne croyait et qui installe définitivement Chabat comme un réalisateur avec lequel il faut désormais compter.