Thats all ghosts !
The Frighteners a toujours eu une saveur particulière pour moi. Vu à sa sortie quand j'ignorais tout des frasques de Peter Jackson et qu'il n'avait pas encore pris les manettes de films à énorme budget qui le placerait indéniablement sur la carte du cinéma, je n'avais pour le juger que mes 15 petites années.
Cette saveur particulière, elle vient d'abord de l'idée derrière le métier de Bannister, medium un brin arnaqueur et très peu crédible, charlatan pourtant indéniablement qualifié interprété par Michaël J. Fox.
En effet, celui-ci est aidé de fantômes qui sèment le chaos chez les habitants de cette petite ville côtière, laissant habilement traîner la carte de visite de notre homme qui n'a plus qu'à venir effectuer son petit tour de passe-passe.
Mais ce qui m'avait à l'époque marqué et surprit, à partir du moment où la supercherie est avérée (très rapidement), c'est le côté comique de l'ensemble, porté par la joyeuse bande de morts et le duo Cyrus/Stuart (Chi McBride, Jim Fyfe) qui s'en donne à cœur joie dans un style très cartoon grâce aux effets spéciaux.
Passé une introduction purement horrifique qui pose le terrain de jeu, agréablement démesurée dans les réactions des personnages, très originale avec ce fantôme se déplaçant au sein des murs de la maison (cette affiche !), on rigole franchement face à ce petit groupe qui s'agite entre deux mondes.
Pourtant, même s'il y a cet humour agréable tout au long du film avec des personnages tous plus azimutés les uns que les autres (Jeffrey Combs en agent du FBI psychotique, le juge ou le Sergent Hiles, R. Lee Ermey, déjà grande gueule en sergent instructeur à la logorhée hilarante dans Full Metal Jacket), on sait qu'on est devant un film de fantômes et la balance va s'équilibrer au fur et à mesure du récit.
On bascule petit à petit vers le thriller surnaturel parsemé de légèreté malgré le thème pour finir sur l'horreur. Un mélange des genres parfaitement servis par les effets spéciaux. Bien qu'ayant vieillis, ils ne font pas défaut à l'ensemble et après tant d'années, ils donnent même un petit côté kitch qui se marie pleinement à la démesure et au comique des situations. Peter Jackson joue avec la matière et les capacités des poltergeists pour notre plus grand plaisir et les idées fourmillent à mesure que les masques tombent pour ce qui va s'avérer être une enquête simple mais terriblement efficace.
Le résultat n'a d'ailleurs pas fonctionné que sur moi puisque ma fille et un de ses amis (12 ans), à la recherche de frissons, on confirmé toute la dimension comique de l'ensemble en se marrant sans retenue.
Aujourd'hui, film passerelle entre les débuts à petits budgets de Peter Jackson et les monstres cinématographiques qu'on lui connaît, ce "Fantômes contre fantômes" peut se vanter de ne pas avoir vieilli et de garder cette pâte qui en fait une véritable œuvre habitée, avec une identité propre, entre film de genre et comédie aux gags à la Looney Tunes.
C'est un plaisir d'y retrouver Michaël J. Fox, qui plus est avec quelques clins d'œil sans surprises (Robert Zemeckis est à la production) à son personnage de Marty Mc Fly de Retour vers le futur.
Un film de fantômes intemporel qui n'a pas pris une ride.