Pour chaque réalisateur, il y a toujours des films qui lui collent à la peau. Dans le cas de Peter Jackson, nous ne pouvons éviter de parler de ses deux trilogies (Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit) ainsi que sa version mémorable de King Kong. Mais il ne faut pas oublier que le Néo-zélandais avait bien démarré quelque part ! Qu’il est le réalisateur de quelques films qui ont vu le jour bien avant l’apogée de leur géniteur. Et là, nous allons nous intéresser à ce que l’on peut appeler son long-métrage pré-Seigneur des Anneaux. À savoir Fantômes contre Fantômes (The Frighteners en VO), film produit à Robert Zemeckis (la trilogie Retour vers le Futur, Roger Rabbit, Forrest Gump).
Au départ, il est difficile de savoir comment prendre ce film. Et pour cause, ça démarre par une séquence de poursuite avec une femme dévalant les escaliers, un esprit glissant sur les murs et faisant voler les meubles. Suivi d’un générique musicalement digne d’un Tim Burton (en même temps, le compositeur est Danny Elfman) qui s’ouvre sur un enterrement qui nous permet de prendre connaissance avec le personnage principal, escroc qui balance aussitôt le film dans l’humour (via ses compagnons fantômes complètement barrés). Une longue mise en place qui fait intervenir des protagonistes secondaires dont on ne voit toujours pas l’intérêt par rapport à l’intrigue. Jusqu’à que celle-ci glisse doucement vers un côté thriller sympathique (même si l’on voit venir les différents éléments et le dénouement pointer rapidement le bout de leur nez).
Après avoir lu ça, vous avez compris ce qu’est Fantômes contre Fantôme ? C’est normal, car le film de Peter Jackson se présente comme un délire, tout simplement. Un long-métrage parodiant Ghost (par la prise de contact entre le défunt et le vivant), Poltergeist (avec des séquences où les meubles et les objets volent dans toute la pièce), Ghostbusters (le héros jouant les experts en la matière) et Sixième Sens (même si le film de Shyamalan est sorti bien après, on ne peut s’empêcher de comparer ces deux longs-métrages, notamment avec ce héros qui voit les morts et leur parle). Ainsi, pendant une bonne heure, c’est du grand n’importe quoi ! À tel point qu’il est jubilatoire d’assister à un tel spectacle : le film ne se prend nullement au sérieux et nous plonge irrémédiablement dans cet esprit-là. Même si par moment le film offre quelques détails un peu lourds (comme cet agent du FBI déluré, digne descendant d’Hitler). Et pendant que l’on se fendait la poire devant tant de bêtises, le film bascule.
Une histoire de tueur en série, décédé mais dont le fantôme continue de faire des siennes. Et dont le héros et le seul à voir. Sans oublier une petite trame de vengeance (le passé du personnage principal lié aux mauvaises actions de l’antagoniste) et d’amour qui prend naissance petit à petit. Bref, Fantômes contre Fantômes délaisse peu à peu son côté burlesque pour devenir un peu plus sérieux, offrant un final réellement efficace. Que ce soit au niveau des séquences (mise en scène et tout) ou des situations qui sont proposées. Un dernier quart d’heure qui déménage et qui affirme la limite d’âge du film (déconseillé aux moins de 12 ans), mais qui, il faut le reconnaître, traîne en longueur. En effet, la chasse (le méchant à la poursuite du héros et de sa copine dans un hôpital désaffecté) semble prendre fin (via la mort d’un personnage ou d’une situation qui peut annoncer un dénouement) pour finalement repartir de plus belle.
Quoiqu’il en soit, Fantômes contre Fantômes reste un délire qui use de la notoriété des films de revenants. Où Peter Jackson use d’une mise en scène déjantée (des gros plans rapides, vues d’en-dessous…) pour confirmer l’effet comique de l’ensemble. Où les acteurs s’éclatent un max (ça fait les gros yeux, ça hurle, ça exagère à tout-va), avec un Michael J. Fox (le célèbre Marty McFly des Retour vers le Futur égal à lui-même). Où les effets spéciaux, bien qu’un peu vieillots aujourd’hui, suivent la droite lignée de Casper tout en jouant à fond la carte du n’importe quoi fendard (un fantôme couchant avec une momie, un dont la mâchoire se détache, un autre qui subit constamment des « mises à mort »…).
Ne pas se fier à sa bande-annonce, à son affiche qui suggère le film de genre à gros budget, à son synopsis. Fantômes contre Fantômes ne doit être nullement pris au sérieux. Soit on y adhère facilement et on se laisse aller dans la notation (charmé par l’efficacité de l’ensemble), soit on se demande encore quel est donc ce film dérangé. Vous l’aurez compris, je suis de la prochaine catégorie. Mais si je devais vous conseiller ce film, là, ça deviendrait difficile de s’exprimer.