Dans le paysage cinématographique français, "L'Arnacœur" se distingue par son approche légère et divertissante du genre de la comédie romantique, un genre souvent traversé de clichés et de prévisibilité. Réalisé par Pascal Chaumeil, le film s'aventure sur le terrain glissant des opérations de séduction à des fins moins romantiques, en se concentrant sur le personnage d'Alex, interprété avec charme par Romain Duris, dont le métier est de briser des couples pour le compte de parties tierces.
L'intrigue se déploie autour d'une mission périlleuse où Alex doit séparer Juliette, une riche héritière jouée par Vanessa Paradis, de son fiancé apparemment parfait. Le scénario, bien que suivant la formule traditionnelle des comédies romantiques où deux êtres opposés finissent par se rapprocher, est agrémenté d'une touche d'originalité grâce à la profession inhabituelle du protagoniste. Ce concept apporte un vent de fraîcheur mais se heurte parfois à son propre manque d'innovation dans le développement des relations et des situations.
La réalisation de Chaumeil est efficace, capturant l'essence de la légèreté et du charme, soutenue par la photographie de Thierry Arbogast qui parvient à enrober Paris, Monaco et d'autres décors d'un voile de glamour et de sophistication. La bande sonore, mélangeant des classiques et des compositions originales de Klaus Badelt, accompagne harmonieusement les péripéties des personnages, bien que par moments elle s'appuie un peu trop sur des choix prévisibles pour souligner l'émotion.
Les performances sont, dans l'ensemble, satisfaisantes. Duris apporte une énergie et une vulnérabilité nécessaires à son personnage, tandis que Paradis, malgré une certaine réserve, offre une interprétation qui complète bien celle de son partenaire. Le duo est soutenu par un casting secondaire coloré, notamment François Damiens et Julie Ferrier, dont les interventions offrent des moments de légèreté et d'humour bienvenus.
Cependant, "L'Arnacœur" ne parvient pas toujours à équilibrer ses éléments de comédie et de romance, oscillant parfois vers des territoires trop familiers qui empêchent le film de transcender son genre. Les tentatives de plonger dans des thèmes plus profonds, comme la morale derrière la profession d'Alex ou la véritable nature de l'amour et du couple, sont effleurées mais rarement explorées avec la profondeur qu'elles mériteraient.
En somme, "L'Arnacœur" est un film agréable, doté d'un concept original et de performances charismatiques, mais qui reste en surface des possibilités qu'offre son intrigue. Il se savoure comme un divertissement léger, parfait pour une soirée sans prétentions, mais il lui manque cette étincelle créative qui aurait pu le propulser au-delà des conventions de son genre.