Comédie sentimentale comme les Français savent si bien le faire, L’Arnacœur présente un concept intéressant, mettant en scène Romain Duris (la trilogie L’Auberge espagnole, Arsène Lupin, L’écume des jours) en briseur de couple professionnel, agissant comme un détective privé dans le but d’éloigner des femmes de leurs compagnons, jugés mauvais par leur entourage. Secondé par sa sœur et son copain, sa méthode est la séduction et son éthique l’oblige à ne s’attaquer qu’aux femmes malheureuses, en ne brisant que leur couple et non leur cœur. Le casting comporte des acteurs phares comme Vanessa Paradis (La fille sur le pont, Sous les jupes des filles), Héléna Noguerra (Mumu, L’élève Ducobu, Fiston) et même Andrew Lincoln (Rick de la série The Walking Dead).
Après nous avoir présenté les méthodes de ce cher Alex dans son joli costume avec sa barbe de beau gosse et ses cheveux dans le vent, ce dernier doit passer à la vitesse supérieure avec une fille difficile à cerner qui doit se marier dans une semaine, délai bien plus court que d’habitude. Se faisant passer pour son garde du corps, il va la suivre partout pour tenter de lui faire oublier son futur mari, à travers des mises en scène sympathiques mais souvent grossières et prévisibles comme la sauver du mec qui lui vole son sac et sa voiture ou une fuite dans sa chambre d’hôtel pour dormir dans la même pièce qu’elle. On a vite de quoi comparer ces passages à ceux de Mary à tout prix, où Alex agirait comme un détective privé qui connaît tout de la miss et qui se permet de la charmer en exploitant ce à quoi elle tient pour la piquer à son mec, car on devine bien qu’elle va vite l’attirer.
Le souci est que ces séquences deviennent vite prévisibles et bien souvent très cliché, entre la musique de Dirty dancing dans la voiture, le DVD du film qu’il laisse tomber exprès sur le sol
pour qu’ils le regardent et la danse qu’ils effectuent la veille au soir du mariage.
Pire encore, alors qu’il atteint son but, il refuse
de l’embrasser alors qu’elle est prête à tout quitter pour lui, car il a compris qu’il avait enfin trouvé le véritable amour,
et on devine très facilement la suite :
elle fuit le mariage au dernier moment, lui court dans l’autre sens sur la même route et ils se retrouvent sur une
musique digne de Coup de foudre à Notting Hill, impossible de faire plus classique et déjà vu des dizaines de fois.
Si Romain Duris garde une certaine élégance et un jeu qui se démarque, Vanessa Paradis est bien plus quelconque avec ses faux airs d’Uma Thurman et les autres acteurs ne s’en sortent pas trop mal. Le background proposé avec Jack qui doit vite réussir sa mission car il doit de l’argent à des gens douteux qui le menacent avec un gros baraqué qui le pend par-dessus le vide manque totalement d’intérêt et n’octroie au film que des clichés supplémentaires. Restent quelques passages humoristiques assez cocasses, comme Sophie qui tente se farcir Jack en porte-jarretelles, ce qui va parfois un peu trop loin, par exemple à l’opéra quand Jack fait comme s’il imitait parfaitement le doigté de l’interprète au piano. Un petit classique finalement sans prétention qui aurait pu être beaucoup mieux s’il avait davantage cherché à exploiter son concept de briseur de couple professionnel.