Comme Harry Potter, comme Twilight, comme Le Monde de Narnia, Eragon ou encore Percy Jackson, Numéro Quatre est l'adaptation d'un livre. Celui-ci est écrit par Pittacus Lore qui est en fait deux personnes, les écrivains Jobie Hughes et James Frey. Leur livre, qui a eu un certain succès aux Etats-Unis, devrait connaître une suite puisque The Power of Six est en cours d'écriture.
L’écriture du scénario de Numéro Quatre naît d’un processus un peu particulier conçu par James Frey, auteur controversé car ayant écrit une autobiographie avec des éléments qui se sont avérés faux. Frey a créé la société d’édition Full Fathom Five qui a pour but l’écriture de scénarios conçus pour toucher des cibles similaires aux séries (littéraires) Harry Potter ou Twilight et obtenir le même succès. A cette fin, il a recruté des étudiants en littérature des université New Yorkaises Columbia et NYU qui doivent écrire des nouvelles que James Frey publie ensuite sous un pseudonyme. Ces étudiants sont embauchés au titre d’un contrat qui les paye 250 dollars. Cependant, ils ne possèdent pas tous les droits d'auteur. Ils obtiennent 40% des recettes sur la revente mais ils n'ont pas l’autorisation de déclarer la paternité de l’œuvre.
Dans le cas de Numéro Quatre dont les droits du livre ont finalement été achetés par Steven Spielberg et Michael Bay en vue de cette adaptation cinématographique, l’étudiant à l’origine du livre, Jobie Hughes, s’est rebellé et a révélé qu’il était celui qui se cachait derrière Pittacus Lore, demandant ainsi à récupérer les droits de l’œuvre. En effet, les bénéfices du film et de ses probables suites lui rapporteraient bien sûr beaucoup plus que ce que son contrat initial, pourtant accepté par encore beaucoup d’étudiants, devait faire.
Lorsqu'ils écrivent l'adaptation cinématographique de Numéro Quatre, Alfred Gough et Miles Millar travaillent en binôme depuis plusieurs années. On leur doit le scénario de nombreuses suites de blockbusters hollywoodiens: celui de L'Arme fatale 4 (1998), de Shanghaï Kid I (2000) et Shanghaï Kid II (2002), de Spider-Man 2 (2003), et de La Momie : la Tombe de l'Empereur Dragon (2008).
Beaucoup de gens qui ont contribué à Numéro Quatre viennent du monde des séries. Ainsi le réalisateur, D.J. Caruso, qui avant de réaliser deux films avec Shia LaBeouf (Paranoiak, L' Œil du mal) avait réalisé plusieurs épisodes de The Shield ou encore de Smallville. Les acteurs eux aussi sont des habitués du petit écran: Dianna Agron a eu des rôles récurrents dans Heroes et dans Glee; Kevin Durand a été le cruel Martin Keamy dans la saison 4 de Lost, les disparus; quant à Timothy Olyphant, après avoir commencé sa carrière avec un rôle majeur dans Scream 2, on peut dire que c'est à la télévision qu'il a pu exprimer un large panel de ses talents puisqu'il y a été l'intègre mais brutal shérif Seth Bullock dans la série Deadwood, le séduisant Wes Krulik dans Damages, le "best salesman ever" Danny Cordray dans The Office (US) (dans un registre comique qui lui sied bien) ou le "Seth Bullock-like" Raylan Givens dans la récente série Justified.
Après Salton sea (2001), Taking lives, destins violés (2002), Two for the Money (2004), Paranoiak (2007) et L'Œil du mal (2008), Numéro Quatre est le sixième long métrage réalisé par D.J. Caruso à sortir sur grand écran. Il a d'autre part réalisé quelques épisodes des séries Dark Angel et The Shield.
D.J. Caruso a souhaité raconter une histoire de la façon "la plus réaliste possible afin que lorsque le fantastique fait son apparition, on l’accepte à un niveau émotionnel". Le cinéaste de Paranoiak a voulu combiner les éléments dramatiques relatifs au quotidien le plus banal qui soit, de façon à ce que les pouvoirs surhumains ne soient qu'un détail parmi ceux qui entourent l'existence des personnages. Caruso nous donne ainsi la recette de Numéro Quatre: "Vous prenez pour cadre de votre film le monde réel, mais vous ancrez votre histoire dans une mythologie surnaturelle, celle d’un autre univers, et vous choisissez pour héros un personnage traqué qui veut plus que tout rencontrer l’amour et mener une vie normale (...)".
Le jeune acteur Alex Pettyfer risque bien de s'habituer à avoir des supers pouvoirs. En effet, il jouait déjà un adolescent "un peu spécial" dans son premier film Alex Rider : Stormbreaker.
Alex Pettyfer revendique lui aussi l'aspect existentiel de Numéro Quatre. Le personnage qu'il interprète est soumis à une lourde crise identitaire. "Il a une conception des choses similaire à celle de James Dean dans La Fureur de vivre. Il donne l’impression de pouvoir exploser à tout moment (...)" explique-t-il.
Cette actrice australienne, qui joue le personnage de Numéro Six dans le film, est en train de se faire un nom. Les spectateurs ont découvert son visage angélique dans The Grudge 2 ou dans L'Apprenti Sorcier, deux films qui ont convaincu D.J. Caruso de la prendre pour le casting de Numéro Quatre. Teresa Palmer est donc l'une des actrices hollywoodiennes à suivre de près.
Sharlto Copley, le savoureux Wikus Van der Merwe de District 9, devait à un moment jouer le rôle finalement accordé à Timothy Olyphant. Il a dû abandonner celui-ci du fait de conflits d'emploi du temps. L'acteur sud-africain qui s'est fait connaitre grâce au film de son compatriote Neill Blomkamp, avait en effet déjà été choisi pour jouer le Looping du film L'Agence tous risques et un rôle d'alien (pour le changer) dans Men In Black 3. Avant de retrouver son ami Neill Blomkamp pour son énigmatique Elysium.
Pour Numéro Quatre, le cinéaste D.J. Caruso retrouve le monteur Jim Page, qui avait déjà travaillé avec lui à deux reprises, pour Paranoiak (2007) et L' Œil du mal (2008).
Le nom de Michael Bay figure au générique du film de D.J. Caruso, et pour cause: le cinéaste de Transformers fait partie de l'équipe de production de Numéro Quatre. Explications de l'intéressé: "J’ai été séduit par le pitch inhabituel de cette histoire. D’habitude, je suis attiré par les histoires de gens ordinaires qui se retrouvent dans des situations extraordinaires. Là, c’est le contraire : [le personnage de] Numéro Quatre est un garçon qui n’a rien d’ordinaire qui rêve par-dessus tout d’une vie normale".
Le chef opérateur de Numéro Quatre n'est autre que Guillermo Navarro, collaborateur attitré de Robert Rodriguez et de Guillermo del Toro. Il a dirigé la lumière sur Desperado (1995), Une nuit en enfer (1996), Spy Kids (2001) pour le premier, et sur Cronos (1993), L'Échine du diable (2001), Hellboy (2003), Le Labyrinthe de Pan (2006) pour le second. Il faut ajouter Au revoir, à jamais (1996) de Renny Harlin et Jackie Brown de Quentin Tarantino (1997) à sa filmographie.
Timothy Olyphant raconte de Guillermo Navarro qu'il a un lien presque fusionnel avec les caméras. Pour preuve, il leur donne des noms de femmes célèbres de la littérature hispanique. Navarro affirme que durant toute sa vie, il a accumulé un bagage culturel lui permettant de voir les choses de façon atypique. Le fait d'avoir grandi dans un pays du tiers-monde lui a permis de nouer une relation étroite avec les images et les couleurs. Il présente en outre Ricardo Aronovich comme son modèle: ce chef opérateur a en effet été son mentor.
L'ensemble des séquences dites "réalistes" ont été tournées dans un lycée de Pennsylvanie. Pour les séquences d'affrontement et donc à effets spéciaux, une réplique du lieu a été construite en studio.
Tom Southwell, le chef décorateur de Numéro Quatre, explique en quoi la palette de couleurs dans le film est très large: "Le film commence dans une hutte perdue dans la jungle africaine. L’histoire se poursuit en Floride, où John et Henri [les deux personnages principaux] vivent sur une magnifique plage de sable blanc avec des palmiers et une mer turquoise." Après cet endroit paradisiaque, les deux hommes se retrouvent contraints de fuir pour aller à Paradise, en Ohio. Southwell explique que "c’est aussi un très bel endroit, mais les couleurs sont plus froides. C’est un peu moins glamour sur le plan visuel, parce que le style est plus traditionnel." Des couleurs moins chaleureuses et donc moins attrayantes...
Plusieurs des acteurs principaux du film ont suivi des séances d'arts martiaux pour apprendre à se battre. Ainsi, pour être opérationnelle au moment du tournage, Teresa Palmer a commencé à s'entraîner avec un coordinateur de combats plus de deux mois avant les premières prises.
Il a fallu être astucieux pour imaginer les effets spéciaux simulant les pouvoirs extraordinaires que possèdent Alex Pettyfer et Teresa Palmer. Le premier a dû fixer dans ses paumes des projecteurs pour donner l'impression que des lumières vives se dégagent de ses mains. La seconde, dont le personnage a la faculté de devenir invisible, a dû jouer devant un écran vert pour les séquences où elle est censée disparaître et réapparaître comme par enchantement.
Les Mogadoriens sont une race extraterrestre hostile et dangereuse. Mesurant plus de 2,10 m, ils ressemblent, selon D.J. Caruso, aux "méchants dans les westerns qui arrivent en ville, tuent les hommes, détruisent tout sur leur passage et repartent avec les femmes et les enfants." La chef costumière Marie-Sylvie Deveau raconte que leurs longs manteaux s'inspirent du western La Légende de Jesse James de Philip Kaufman. Les acteurs ont porté également des bottes venues de chez Kangol. Elles ont la particularité de donner 18 cm de plus à ceux qui les chaussent. Pour Kevin Durand, l'acteur qui joue le chef de cette horde extraterrestre, mettre ces semelles lui a permis d'atteindre la taille standard d'un Mogadorien, lui qui mesure déjà près d'1m92 !
Marie-Sylvie Deveau a aussi imaginé substituer les cheveux des Mogadoriens par un tatouage. Deux heures de maquillage ont donc été nécessaires pour les acteurs interprétant ces E.T. à l'apparence très inquiétante. A noter que si le motif de base du tatouage est le même pour tous les Mogadoriens, il devient de plus en plus sophistiqué et personnalisé en fonction de leurs compétences et leur rang dans leur hiérarchie militaire.
Kevin Durand a dû apprendre à parler le Mogadorien pour interpréter son rôle. Cette langue a été élaborée avec des influences de latin, de certaines langues slaves et d’anglais. Pour permettre au réalisateur de créer ou de changer des répliques sur le plateau, elle possédait également sa propre grammaire et une syntaxe à part entière. En amont du tournage, des enregistrements vidéo comprenant toute la gamme des sonorités et phonèmes de cette langue ont été donnés aux acteurs pour qu’ils apprennent à la parler, puissent s’exercer et améliorer leur prononciation. Au point que Durand affirme qu'il est devenu "un orateur mogadorien très éloquent".
La sortie du film en France est accompagnée de la sortie du livre qui n'avait pas encore passé nos frontières. Une sortie à la mesure du blockbuster que devrait être le film. L'auteur, "Pittacus Lore" (en réalité James Frey et Jobie Hughes) est présenté comme "le chef des Anciens de Lorien" qui "prépare la guerre qui décidera de l'avenir de notre planète". La lecture du livre serait ainsi un acte nécessaire à la survie de notre espèce!