Quand il est sorti en 1996, ce film-choc nous procurait un plaisir visuel, sonore, euphorique et coupable comme une dose d'héroïne (de synthèse, de la "pure" cinématographique): on en avait pris plein la tronche, on trouvait ça génial, crade, inventif, drôle, déplacé, gonflé..........toutes sortes de plaisirs et de formes d'extase se transformant en une étonnante dépendance qui nous faisait retourner en salle, user les DVD, et le hisser au niveau d'un film culte générationnel.
20 après, est-ce que cette drogue filmique conserve aussi bien qu'une bouteille bon vin de vingt ans d'âge? Une vision "shoot" DVD peut-elle toujours procurer autant de plaisir? Eh bien, Yes, of course, my God !!! et plutôt qu'un shoot rapide aux effets intenses mais limités, il s'avère que le plaisir perdure, que le film revigore des neurones fatigués mais toujours réceptifs et stimule toujours cette zone cérébrale de l'euphorie, aussi efficacement qu'il y a 20 ans...de plus, sans danger sur la santé.
Pourquoi? : Du contenu (un roman hors norme d'Irvine Welsh au scénario de John Hodge) et du contenant: un casting efficace à faire pâlir une distribution d'aujourd'hui, alors que les interprètes étaient peu connus à l'époque (McGregor, Carlyle, Lee Miller, Macdonald,Mullan....), et un dealer-réalisateur qui concocte en "mère nourricière" une dose injective de toute puissance. Sa formule = Une réalisation sous speed (elle prend toute sa valeur dans ce film et colle aux effets "primaires" et secondaires des substances administrées, traduisant délires et effets dramatiques trash au premier degré ; la réalisation sur-esthetico-excitée et identitaire de Boyle n'aura jamais tant fonctionné sur ce film, son style de fabrique ne convaincra pas toujours dans ses futures oeuvres) + Un travail visuel impressionant (lumière, décor crade, Edimbourg glauque, délires et transes diablement "cinémagiques") + Une B.O. décomplexée et percutante.
Trainspotting est une expérience sensorielle addictive à consommer sans risque et sans modération.