le film qui fit connaître Danny Boyle auprès du grand public. Trainspotting ou la version britannique de Requiem for a Dream. Les films n'ont certes que peu de choses en commun, mais comment ne pas y faire un rapprochement? Quoiqu'il en soit, il s'agit ici d'un film hautement surestimé. C'est sans doute cet humour noir british qui verra le film percer les âges, un film sans conteste d'un ton léger sur un sujet dur. Boyle propulse le public en Ecosse, Edimbourg, là ou l'on ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il y dépeigne un monde nauséabond, crasseux et sans vraiment d'espoir. En somme, Boyle se force à rendre moche et délurée une ville touristique, un pays coutumier de traditions vieilles comme le monde en sombre contrée faite de briques rouges et de pubs miteux. Mais Boyle dépeint finalement une jeunesse sans le sous, camée jusqu'au os, incapable de projets d'avenir, les rares du groupes ne se droguant pas étant de violents salopards.
C'est au travers du la voix-off du dénommé Renton, alias Evan McGregor, que nous fait vire le cinéaste sa vision de la drogue, des ses abjectes bénéfices personnelles mais aussi de ses aléas pour le moins dramatiques. C'est ici d'héroïne dont on parte, une drogue plongeant ses adeptes dans une transe paralysante, amorphe. Nos jeunes gens s'installent dans leurs appartements minables et crasseux ou chez leur dealer commun en vue de se shooté, s'étalier sur des matelas pourris pour se morfondre sous l'effet du pavot. Lorsque quelques solutions pour sortir de là sont envisagées, ces jeunes paumés en reviennent irrémédiablement à la piqûre, les choses ayant de mal en pis sans drogue. Bref, le discours du junkie est globalement assez simple et assimilable à celui d'un sportif égoïste, la drogue étant un échappatoire à une vie préconçue faite de télévision, de sortie dominicale et d'enfantement. Alors qu'ils croient avoir tout compris, Boyle démontre que leur mode de vie est tout aussi destructeur qu'indépendant.
Le cinéaste semble toutefois ne pas accabler ses jeunes personnages, aux coupes de morts-vivants, leur donnant même parfois des élans de philosophie pas si mal torchés. C'est toutefois grace à la qualité des interprétations, McGregor, mais aussi Robert Carlyle ou encore Ewen Bremner, que Trainspotting sort du simple trip pour devenir un film social amicalement décalé, qui verra un brave gars devenu larve faute de consommation de drogue et que ne cesse de sortir de là alors que ses amis de shoot le suivent comme son ombre. Il faudra finalement sombrer dans la criminalité de haut vol pour que l'ami Renton saisisse l'occasion de recommencer sa vie, d'ou un final passablement bon enfant en regard à l'ensemble du film. Danny Boyle fait certes un film sur la drogue, mais surtout un film à la mode, un film sur une jeunesse perdue qui consomme ce que la loi leur défend de consommer, le principe même de la rébellion sociale.
Léger, jamais aussi choquant que le film choc d'Aronofsky, toujours très tiré vers une culture britannique que le cinéma à fait connaître de par le monde et par dessus tout très digeste. Il n'empêche que je réitère mon propos, Trainspotting est surestimé, comme peuvent l'être Slumdog Millionnaire, du même réalisateur, ou encore le discours d'un roi et tout film au succès populaire irrémédiable qui trouvent dans leurs ombres respectives de bien meilleurs ouvrages de cinéma. Bref, Danny Boyle, maintenant très populaire et metteur en scène d'ouverture de JO, aura monté rapidement les marches du succès grâce à Trainspotting et ses idées indépendantes et très ouvertes le monde des camés. 12/20