Red est un divertissement ma foi sympathique, mais qui passe quand même à coté de pas mal de chose alors qu’il avait les atouts pour très nettement se démarquer du tout venant.
D’abord évidemment, son casting. Il est attrayant, c’est certain, et donne envie de voir le film, mais au final, comme trop souvent dans ces métrages qui alignent les stars, il ne parvient pas à toute les utiliser à leur plein potentiel. Honnêtement en dehors de Bruce Willis et de Karl Urban (un peu Parker aussi) le film délaisse trop ses personnages, ou les résume avec trop de simplisme pour totalement convaincre. Ainsi Freeman doit apparaitre à tout casser un quart-d’heure tout compris, Borgnine fait de la figuration (mais bon compte tenu de son très grand âge c’est excusable), Mirren n’apparait qu’à la moitié du film, tandis que Dreyfuss nous gratifie seulement de deux séquences bien sympathiques, mais assez frustrantes. Malkovich est plus présent, mais son personnage est quand même très moyen, tout comme celui de Brian Cox, qui, malgré l’histoire avec Mirren est le russe typique, bien lourdingue, buveur invétéré. Ce n’est pas forcément désagréable tout cela, car les acteurs s’en sortent bien et jouent le jeu, mais c’est peinant de voir qu’ils sont utilisés à 25 pour cent de leurs capacités.
Le scénario est lui aussi décevant. L’histoire est d’un classicisme impressionnant. Le début est prometteur, et puis malheureusement on sombre dans une bête histoire de complot des plus simplistes. Le coté comique n’est pas assez appuyé dans l’ensemble, mais il y a quelques pics assez balourds de tant à autre, et le coté sérieux est lui aussi plutôt inégal. En fait on ne rigole pas vraiment dans Red, et parallèlement le film a des passages trop lourds, trop excessifs pour se transformer en film d’action sérieux. Reste heureusement un bon rythme global, des passages amusants, et un certain sens du spectacle qui permet à Red de rester un film sympa à l’entrain communicatif.
Visuellement, la mise en scène est très tape à l’œil, avec beaucoup d’effets alambiqués, de cadrages bizarres (la bagarre entre Urban et Willis). Maintenant le réalisateur apporte une réelle touche personnelle, on sent qu’il veut faire quelque chose, et parfois son style fait mouche (la bagarre à coup de roquettes). La photographie est élégante, c’est raffinée, avec de beaux éclairages, un joli travail sur les couleurs, même si cela reste sobre et sans grande ambition non plus. En revanche les décors sont très réussis. Variés, tous très agréables, ils ont une réelle importance dans le film (d’ailleurs on souligne les changements de lieux par des pancartes). L’ambiance s’en trouve avantagée, et j’ai bien aimé ce point. De même, les scènes d’action sont relativement convaincantes, même si j’ai été un peu déçu par le manque d’ambition générale. En fait les passages les plus sympas sont dans la première partie, et certains apparaissaient dans la bande annonce. Le réalisateur a été un poil timoré quand même, et en dehors d’un morceau estampillé « Robert Rodriguez », le reste, correct, suit des chemins balisés. La bande son est efficace, dynamique, bien rythmée, elle accompagne intelligemment le film et lui donne un certain cachet.
En conclusion, Red est une série B de luxe avec un très gros potentiel, mit au service d’un petit divertissement sans réelle prétention. C’est assez regrettable, car il y avait moyen de faire une comédie d’action anthologique, ce que ne sera jamais Red. Sympathique à regarder, mais très inférieur à mes attentes, et je lui accorde 3.