Un film qui coupe le souffle. Je suis atterré de lire certains commentaires sur l'aspect soit-disant "fadasse" du film. Ces donneurs de leçon, ces intellectuels de pacotille à la recherche d'un 'grand message' ont visiblement oublié de s'informer sur le fait générateur de ce film, en l'occurrence la pathétique parenthèse de ce qu'on a appelé "le viol de Nankin" de 1937. Outre les faits qui sont relatés dans "City of LIfe and Death" et qui sont, on ne peut le penser, qu'un aperçu lointain de ce qu'a été la réalité de cet horrible événement, il faut bien souligner que l'autre intérêt du film réside dans le fait que le réalisateur est... Chinois ! S'attaquer à un tel défi est stupéfiant et admirable de maturité et de courage, tant la plaie de Nankin reste vive encore aujourd'hui dans la mémoire chinoise. Je me rappelle à cet égard qu'un de mes professeurs (un chinois) d'histoire du Japon, très respectable, nous parlait, à Boston College, de cet événement qu'il avait lui-même vécu (il devait avoir environ 65 ans à l'époque des cours, donc un enfant d'environ 6 à 7 ans à l'époque des faits). Il commençait son récit, se remémorait visiblement avec souffrance ce qu'il avait vécu, et finissait toujours en sanglots. Près de 60 ans après les faits et dans un pays en paix !! Bref. Qu'un réalisateur chinois ait eu le courage non seulement de filmer ces horreurs en les regardant en face, mais en plus de laisser transparaître l'humanité de certains tortionnaires japonais est tout simplement hors du commun dans ce contexte. Le film, en noir et blanc, est plutôt long, très intense, la narration reste constamment sur le fil du rasoir, tout comme les personnages, tous campés par des acteurs exceptionnels de justesse. On a beau connaître l'issue de ce drame historique, on reçoit quand même cette histoire dans le plexus solaire, comme un coup de poing géant qui laisse le souffle court. Dur, très dur, mais filmé à hauteur d'homme, sans jugement, sans pathos excessif, c'est un véritable exploit.