Dans l'univers cinématographique où la quintessence de la dramaturgie se mêle à la légèreté de la comédie, "Happiness Therapy" de David O. Russell, adapté du roman de Matthew Quick, se présente comme un ballet émotionnel oscillant entre mélancolie et exubérance. À l'image de son protagoniste Pat Solitano Jr., interprété avec une vulnérabilité presque palpable par Bradley Cooper, le film navigue dans les eaux troubles de la bipolarité et de la quête de rédemption personnelle, soulignant la complexité et la fragilité de l'existence humaine.
Jennifer Lawrence, dans le rôle de Tiffany, apporte une dimension captivante à cette épopée sentimentale, incarnant une veuve écorchée vive qui trouve en Pat un écho à sa propre détresse. Leur dynamique, tissée d'incompréhensions et de révélations mutuelles, se dévoile comme une danse métaphorique, où chaque pas incarne un fragment de leur guérison. La prestation de Lawrence, couronnée d'un Oscar, est un feu d'artifice d'intensité, éclipsant presque la performance de Cooper par son authenticité brute et sa présence magnétique.
L'aspect visuel du film, capturé par la lentille de Masanobu Takayanagi, se pare d'une esthétique à la fois sobre et expressive, qui accentue les moments de tension psychologique et les élans de joie spontanée. La musique de Danny Elfman enveloppe délicatement les scènes, soulignant les contrastes émotionnels sans jamais sombrer dans la surdramatisation.
Toutefois, là où "Happiness Therapy" flirte avec la grandeur, il tangue aussi vers des rivages moins assurés. La tendance du film à se complaire dans certains clichés du genre romantique et son manque occasionnel de subtilité dans le traitement de sujets aussi délicats que la maladie mentale lui ôtent parfois de sa profondeur. De plus, la résolution, bien qu'émouvante, frôle la prévisibilité et manque d'une audace qui aurait pu éléver le film au-delà de ses ambitions initiales.
Les seconds rôles, notamment Robert De Niro et Jacki Weaver, incarnant les parents de Pat, ajoutent une couche de complexité relationnelle et de chaleur, bien que leur utilisation paraisse par moments sous-exploitée. Leur performance est à la fois un pilier pour le récit et une source de frustration pour le spectateur désireux d'explorer plus avant la dynamique familiale.
En définitive, "Happiness Therapy" se dresse comme une œuvre cinématographique à la fois touchante et imparfaite. Elle parvient à captiver le spectateur par son humanité et sa sincérité, tout en laissant un sentiment de potentiel inachevé. Ce ballet émotionnel, aussi gracieux soit-il, ne parvient pas toujours à maintenir son équilibre, oscillant entre la profondeur psychologique et les facilités narratives. Il en résulte un spectacle engageant, mais qui, dans son envolée, ne saisit pas totalement l'essence insaisissable de la rédemption et de la transformation personnelle.