Je m'attendais à une bonne grosse claque en regardant "Inception", un peu comme celles que j'ai reçue pour "Matrix" ou "Vanilla sky" par exemple. Il n'en a été rien, la mayonnaise n'a pas pris. Sans trop rentrer dans les détails pour ne révéler aucun spoil, l'idée est d'accéder au subconscient d'un individu pour lui subtiliser des informations, en le faisant endormir le plongeant ainsi dans un rêve où tous les agents spéciaux se retrouvent pour y manœuvrer. Parmi ces derniers, l'un possède le rôle d'architecte, il désigne, fabrique l'environnement du rêve et crée un monde aussi logique que le nôtre afin que le sujet ne se rende pas compte de la supercherie. C'est à dire en gros, tout ce qui s'y passe doit ressembler en tout point à la banalité de la réalité. Et c'est là où j'ai eu un peu de mal, non, beaucoup de mal à vrai dire. Si le cinéma est le monde ouvert à toutes les expériences imaginables, si la science-fiction permet de repousser les limites du réel, pourquoi se cloîtrer à s'y attacher d'autant plus quand il s'agit d'un sujet aussi incompris de tous et perméable à la fantaisie que les rêves ? Oui, il y a ces fameux effets spéciaux où le monde se déforme avec les bâtiments et rues qui se retournent et se collent entre eux, wouhou, quel culot ! Il y a aussi quelques petites apparitions incohérentes, mais ça s'arrête là. Le reste du rêve lui n'a rien d'original, une simple réalité alternative qui obéit aux mêmes lois physiques et contraignantes du monde réel. Le problème de ce film c'est qu'il se base sur un postulat déjà erroné : un rêve crédible est un rêve réaliste. Nous avons tous rêvé, et combien de fois avons-nous tous cru en ces rêves étranges, complètement décousus, vides de sens, tellement illogiques, et avons-nous tous quand même interagi dedans comme si c'était tout à fait normal ? Combien de fois nous sommes nous surpris aussi à y rajouter telle ou telle extravagance car elle nous apportait du plaisir ? Dans un rêve tout se transforme sans cesse, tout est malléable, toute chimère est consentie volontiers et des symboliques parfois tordues mais perspicaces y sont souvent présentes. C'est quand même incroyable de ne pas avoir exploité tout ce potentiel dans "Inception" ! De ne pas nous surprendre ni nous berner comme devrait l'être la victime du rêve. Non, aucune place à un peu fantaisie, même pas dans des moments critiques de l'action où un peu d'aide aurait été la bienvenue pour gagner du temps. Dans un rêve aussi, on se retrouve contraint avec dépit de subir les difficultés, obstacles et stress qui relèvent du monde réel.
Bon sang, même le monde imaginaire idéal proposé dans le film a l'air d'une vie monotone au sein d'une immense ville avec des dizaines grattes-ciels tous similaires et alignés basés sur un canevas aussi fade qu'un simple bâtiment avec des fenêtres carrées.
Encore pire, il y a pas mal d'incohérences en y réfléchissant un peu...
Par exemple comment on peut endormir dans un rêve c'est à dire dans un monde où rien n'existe un subconscient dont le protagoniste ne sait même pas qu'on est en train de l'endormir, à savoir la tête couverte par un tissu en y versant des gouttes d'un liquide anesthésiant
, je ne vais pas citer d'autres exemples mais il y en a pleins. L'idée du film est très mal exploitée et surtout mal vendue. Pour expliquer au spectateur comment ça fonctionne, les règles & principes, les stratégies à employer, les répliques sont débitées à tour de rôle de manière très récitale, sous fond de musique au tempo vif (style battement de cœur ou musique électro) et surtout répétitive, très répétitive...trop répétitive ! La réalisation est très moyenne, il n'y a pas d'originalité ni de fraîcheur, pas de subtilité ni de surprise. Ce n'est pas vendeur c'est plat, ça joue même en défaveur d'un sujet déjà complexifié pour rien. Les dialogues trop sérieux voire insipides, ils ne captivent d'intérêt que pour comprendre les suggestions autour du concept de s'immiscer dans un rêve, et comme dit précédemment ni la bande sonore ni la manière avec laquelle c'est tourné n'aide à les suivre avec passion, ça se rapproche plus d'une corvée vu l'effort consenti. Pour en revenir à un autre point du scénario, à travers l'histoire parallèle de Cobb (Leonardo Dicaprio, pas le rôle qui lui va le mieux au passage), la problématique entre accepter la réalité et se contenter d'un monde imaginaire mais plus réconfortant est dressée. C'est du déjà-vu, on veut bien s'il y a une valeur ajoutée, mais au final le scénario ne rapporte rien d'inédit en cela qui pousse vraiment à la méditation. Ni philosophiquement, ni psychologiquement "Inception" n'aura su me convaincre, ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé de mon côté, mais on va quand même saluer la tentative et l'effort. In fine ce film est loin de faire rêver !