"À vif !" mériterait-il une critique à chaud ou à froid ?
Car autant franchir le pas directement et ne pas tourner autour du pot, c'est la grosse déception que ce pur produit formaté US par John Wells, où on empile tout et n'importe quoi, des clichés, des idées toutes faites et toutes fausses, des histoires d'argent, de prison, de caïds, de drogue et d'alcool pour cet artiste culinaire sur le retour, et décidé à redevenir le "Number One" de la cuisine à Londres !!!
Bradley Cooper a beau jouer de son regard aux yeux bleus, de sa coupe de cheveux et de sa moto qu'il chevauche sans casque, on a bien du mal à croire à cette histoire de grand restaurant qu'il va remettre en selle, ou en salle !
Et tous ses copains, et même ses ennemis jurés sont là pour l'aider évidemment dont la fameuse Hélène qu'il va d'ébaucher, qui se verra avec son ancien salaire multiplié par six !... Mais pourquoi pas après tout ?
Le management de toute cette équipe passera par des hauts et beaucoup de bas, et ainsi de suite pour suivre un algorithme incessant et fatigant !
Introspection et analyse bien sûr, seront d'un grand secours pour ce chef plutôt perturbé, et ainsi arriver à ses fins en visant en passant la troisième étoile au prestigieux guide Michelin !
La mise en scène flirte sur une tendance très mode, avec des scènes qui alternent très vite, qui passent d'un lieu à un autre, d'un gros plan sur un plat (souvent le même et peu quantitatif...) à un visage inquiet, pour aller ensuite à de vraies scènes de colère et d'hystérie surjouées !
On finit par se lasser en regardant sa montre, à la fois grimaçant face à ces sachets plastique (!!) qui contiennent la nourriture qui passera dans les assiettes et à ses cuillers qui passent de bouche en bouche pour goûter, et révoltés ou écœurés de voir toutes ces attentions et gestes finalement ridicules pour satisfaire les désirs de cette clientèle très riche, jusqu'à mesurer l'écart des couverts au moment de dresser les tables !
Ce film aura eu au moins le mérite de montrer le degré d'exigence de ce type de restaurant à défaut d'avoir appris de réels petits trucs pratiques, tant on passe très vite du coq à l'âne, ne nous montrant que de belles assiettes avec trois fois rien en terme de contenu !
Quant au scénario, c'est creux comme un radis, avec des rebondissements insensés digne d'un véritable navet...
Autant revoir Bradley Cooper dans l'excellent "Happiness Therapy" de David O. Russell dont l'affiche de "À vif" fait un rapprochement en terme de réussite !
Incroyable...
Ce film aurait gagner en intérêt si on avait au moins vu ce grand chef se concentrer sur sa cuisine, nous montrant une originalité, son savoir-faire et sa passion, se décarcasser pour une recette qu'il aurait eu plaisir à mettre en scène pour un réel plaisir des yeux et des papilles mais là, à distance !
Mais non, ça s'agite et ça s'agite, les assiettes sont prêtes sans avoir rien vu, quand elles ne volent pas avec éclat, crise de nerf oblige...
Un cinéma plutôt racoleur qui fait dans l'esbroufe plutôt que de la vraie très "bonne bouffe" qu'on espérait savourer pour le moins !
Sur le même thème, Catherine Frot avait fait forte impression par son jeu tout en conviction dans l'excellent "Les saveurs du palais", c'est loin d'être le cas cette fois !
Ah, quel cinéma qui veut jouer sur tous les plats, à toutes les sauces sans réussir au final à nous régaler !
Au moins, je laisserai traîner une cuiller au sol dans le prochain restaurant où j'irai, rien que pour être bien servi, qui sait ? !