Le sujet de la gastronomie a été maintes fois exploité au cinéma, c’est vrai. Encore récemment, avec l’excellent « #Chef » de John Favreau. Alors, quand John Wells a annoncé qu’il remettait le couvert, nous étions tenté de penser qu’il serait difficile d’innover en la matière. Mais détrompez-vous, « A vif » parvient à donner un souffle nouveau à cette thématique et offre bien plus qu’un scénario réchauffé. Pour faire simple, on a adoré !
Et pour cause, avec Bradley Cooper en tête d’affiche, on ne peut qu’adhérer à l’idée. Après s’était perdu dans les eaux troubles d’« Aloha » (d’ailleurs peu distribué en Europe suite au bide commercial connu aux USA) il revient ici en force et incarne un chef capricieux, exigeant et arrogant avec énormément de talent ! Bien sûr, nous serons sans doute d’accord pour dire que le comédien américain sait tout jouer mais ici, il parvient encore à nous étonner et on ne peut que saluer sa performance ! Après un succès justifié dans « American Sniper », le quarantenaire troque son uniforme kaki pour le tablier blanc avec beaucoup d’assurance.
Précis dans les gestes, à fond dans son rôle (au point de croire que c’est sa propre carrière qui est en jeu), impressionnant lors de ses colères, virtuose au piano de cuisine, Bradley Cooper EST le chef Adam Jones ! Durant la promotion du film, il a d’ailleurs confié adorer l’art de la table et avoir rêvé enfant d’être acteur ou chef cuisinier… voilà qui est fait ! Pour nous, il a largement décroché son étoile ! Coaché par Marcus Wareing, chef étoilé et animateur de « Master Chef » sur la BBC, le comédien a appris tous les gestes chirurgicaux de la cuisine et démontre que les apprentissages n’ont pas été vain.
Mais que serait un chef sans sa brigade ? Celle de Cooper possède un fameux niveau ! En second chef, on trouve une Sienna Miller épatante ! Mère de famille célibataire, elle jongle avec les poêles et les couteaux, tient tête à son Chef soupe au lait et trouve une place de choix dans la cuisine du Langham Hotel. Elle délaisse sa grâce et son élégance pour incarner une cuisinière obsédée par son travail et faisant fi du monde des apparences. Et en parlant d’apparence, on a parfois beaucoup de mal à la reconnaître tant c’est son personnage qui prend le dessus.
Autre grande figure du film, l’excellent Daniel Brühl. Bon ami de Jones, il saura croire en lui et lui donner l’occasion de reprendre du galon et de s’imposer dans le monde impitoyable de la critique gastronomique. Très juste dans son interprétation il crève l’écran et ne passe jamais au second rang. Ce rôle met une fois de plus en évidence qu’il a tout des grands !
Et ce n’est pas tout. Matthew Rhys, Omar Sy, Emma Thompzon, Uma Thurman, Alicia Vikander, Riccardo Scamarcio, Sam Keeley entrent aussi dans la course. Le casting international est véritablement génial. Aucune fausse note n’est à souligner dans cette distribution de qualité.
Abonné aux réalisations de séries télévisées telles que « Shameless » ou « Urgences », John Wells est aussi connu pour avoir dirigé le film « The company men » et « Un été à Osage County ». Avec « A Vif », il continue sur sa belle lancée et offre un long métrage savoureux !
Le scénario n’a rien de véritablement surprenant mais nous tient véritablement en haleine ! L’intrigue monte crescendo vers des situations plus tendues qui nous permettront d’ailleurs d’apprécier tout le potentiel des acteurs. Original, dense, très équilibré, il n’y a rien à jeter ! A l’image de son titre, la première partie du film se vit dans rythme rapide, où tout est affûté, les scènes nettes et précises et gagnera en intensité et en introspection lors du second service. Certes la petite romance soupçonnée, les quelques problèmes personnels du héros viendront standardiser l’histoire mais ce n’est que du détail… Et cerise sur le gâteau, la bande originale qui se savoure comme un petit bonbon acidulé et qui se greffe à merveille sur le ton du film. Quand on vous dit que tout est bon…
En entrant dans la cuisine du Chef Jones, on entre dans un tourbillon d’ambition, de saveurs, de stress et de satisfaction et le tout avec énormément de professionnalisme ! John Wells aurait eu tort de nous priver d’un tel film et a bien eu raison de faire retrousser les manches de tout ce beau monde !