À première vue, ce film est relativement potable : quoique très souvent prévisible, la trame comporte suffisamment d’événements pour que l’on reste concentré, et un nombre assez élevé de personnages parlant français avec un bon accent pour être crédible. J’ai également mes réticences vis-à-vis de la fin, très Bisounours / happy end / le-personnage-principal-change-tellement-brutalement-pour-le-meilleur-que-c’en-est-risible, mais tout ceci aurait, à la limite, été acceptable, si seulement je n’avais pas eu un énorme problème avec l’histoire d’amour centrale. En effet, au-delà d’être peu convaincante, principalement par manque d’alchimie, elle est fondamentalement malsaine : l’homme tombe « amoureux » de la première femme qui lui tient tête et blesse son ego surdimensionné, et elle, du premier homme qui lui donne des responsabilités (flatterie facile de son désir de reconnaissance…) mais qui, dans le même temps, n’hésite pas à être violent, étouffant et possessif
(il force son licenciement ; plus tard, il lui refuse la liberté de fêter l’anniversaire de son fils)
, et devant lequel elle finit par s’abaisser, au point de sacrifier sa vie de famille. Voilà ce que j’appelle une relation dégradante pour la femme, qu’il est totalement impensable pour moi de cautionner lorsque le film n’est pas là pour la dénoncer mais, au contraire, nous la présenter comme « une belle relation rédemptrice pour le personnage principal ». Bien évidemment que le « monde de la cuisine » est peu tendre et très exigeant, mais ce n’est pas une raison pour bricoler, de manière hasardeuse et à la première occasion qui se présente (parce qu’il faut apparemment bien ça pour attirer les spectateurs, dans la tête de certains), une relation sentimentale, pour qu’elle finisse machiste et ignorante de sa propre perversité. Enfin bref, je pense que je me suis faite comprendre : il y a des éléments intéressants et bien construits dans ce film, mais j’aurais aimé que les scénaristes réfléchissent ne serait-ce que deux minutes au type de liens sentimentaux qu’ils étaient en train de tisser, car ils n’ont rien de romantique, ou même de sauvable…