Vu un an après sa sortie, ce film, à eu à l'époque, pour moi un impact considérable d'un point de vue personnel. Il faut dire qu'en France depuis "La Cage aux folles" en 1978, il n'y avait pas eu de films grands publics traitant des homosexuels et leur vie aussi franchement. Si il y a eu "Les Nuits fauves", quatre ans auparavant, mais ces deux films n'ont pas eu le même impact et n'ont pas touché le même public dans son ensemble. Cyril Collard traitait du sujet de manière grave, parce qu'autobiographique. Ici il s'agit d'une franche comédie fédératrice.
Si l'on se remet dans le contexte des années 90, ce film a dépoussiéré la manière dont on traitait le sujet depuis trop longtemps, les homosexuels étant caricaturés souvent de manière grotesque, parfois carrément humiliante, très souvent dans des comédies plus ou moins intelligentes, souvent indigentes...
Gabriel Aghion, Pierre Palmade et Patrick Timsit, ont bien plus soignés le sujet et l'écriture, qu'aucun ne l'avait fait auparavant. Certes, avec le recul, et l'évolution de la société sur le regard vis à vis des homosexuels, le traitement paraît aujourd'hui caricatural et le film a pris un coup de vieux! C'est oublier que c'est le risque quand le film traite d'un sujet sociétal. Mais il ne faut jamais oublié l'impact fort que ce film a eu sur l'évolution du regard de la société française sur les Gays en général ! Et c'était la volonté des scénaristes ! Et puis il y a beaucoup, mais beaucoup, de second degré...
Même si beaucoup de sujets sont à peine effleurés dans le film, ils ont au moins le mérite d'être abordés: la difficulté à afficher son homosexualité dans le monde du travail, l'isolement des séropositifs, les discriminations ordinaires, etc. (ce qui n'a pas vraiment beaucoup changé même s'il y a quelques avancées)
Même la fin du film, un peu bancale tout de même, a le mérite d'afficher son avant-gardisme.
Puis il faut bien avouer, qu'après mes moult visions de ce film, mon envie de faire la fête après l'avoir vu reste toujours aussi intacte. Le film retranscrit bien l'ambiance de fête et de folie qui caractérise une partie du monde Gay (le restaurant d'Eva, qui ressemble à s'y méprendre à l'ambiance des boites de provinces ou à quelques bars où faire la fête n'est pas un gros mots/les raves party, qui avec l'émergence forte de la techno après la sortie du film, montre sans complexes et avec beaucoup d'humour que dans ce contexte personne ne juge personne...). Il est vrai que tout de même ce n'est que le sommet de l'iceberg et que beaucoup d'homosexuel ne se retrouveront pas dans cette description.
Revenons au film lui-même. L'histoire n'a pas beaucoup d'intérêt certes, ça patine dans la troisième partie du film, mais les situations souvent hilarantes, les répliques d'anthologies qui font mouches, le plaisir évident des acteurs à jouer dans cette comédie est vraiment communicatif. Côté réalisation ça ne vaut pas mieux qu'un vulgaire téléfilm de commande. Cependant la caméra est électrisée par Fanny Ardant, en Eva, éternelle "fille à PD", inoubliable, et elle n'a pas volé à l'époque son césar de la meilleure actrice. J'ai également une tendresse particulière avec le personnage incarné par Jacques Gamblin, juste et très émouvant dans son jeu. Plus de réserve sur Patrick Timsit, qui surjoue et en fait parfois des tonnes.
A voir, ou à revoir, comme on regarde un vieil album de photo jaunies datant du temps de notre "folle" jeunesse, avec pour ma part, une pointe de nostalgie...