Parlant de la réalisatrice, Bernadette Lafont déclare : "Patricia Plattner est une artiste, une plasticienne ; elle a une petite musique, une musique visuelle bien entendu. Quand je dis " petite musique ", cela n'a rien de péjoratif, je pense à la Petite musique de nuit de Mozart. D'abord parce que c'est quelqu'un qui vient des arts plastiques, c'est son premier univers ; ensuite parce qu'elle est très cultivée et qu'elle est à l'affût de tout. De fait, les décors sont très importants pour elle". A propos de la richesse de la photographie, elle souligne également : "Il faut saluer le travail du directeur de la photographie, Aldo Mugnier, ainsi que celui de son éclairagiste, Ernst. Sur le tournage, pour les besoins de l'image numérique, le plateau était systématiquement enfumé. Je suppose pour éviter le côté trop clinquant des couleurs et donner une patine aux images. Les comédiens avaient un peu mal aux yeux mais cela valait la peine de souffrir : le résultat est très payant. Le film se découpe en deux grandes palettes de couleurs : les bruns et les ors de l'automne en Suisse, une image plus violente, à la limite du surexposé au Portugal."
Au sujet de son film, la réalisatrice Patricia Plattner s'exprime : "Bazar est une comédie dramatique que je qualifie de " douce-amère ". Ces termes correspondent, à mes yeux, au style des comédies que je réalise en fiction : une certaine philosophie de la vie, à la fois légère, mais profonde. " Inconsolable et joyeuse " est une de mes maximes préférées. Porter un regard sur les autres, en particulier sur des destins de femmes, d'une manière que je souhaite perspicace, sensible et tendre. Mettre en scène un univers de personnages, de couleurs et de musiques, qui résonnent dans mon imagination, à une certaine période de ma vie. Bazar ancre son récit dans une période intéressante de la vie d'une femme. En ce début de vingt-et unième siècle, une femme, dans la soixantaine, est trop vieille pour se permettre bien des choses, mais encore trop jeune, pour ne plus y croire. En plein bouleversement de son existence, entre retraite et activité, en pleine "passation de relais", professionnel et filial, le personnage de Gabrielle se lance dans une histoire d'amour improbable. Avec l'énergie vitale qui la caractérise, elle va bouleverser d'une manière positive sa vie et remuer celle de quelques personnes qui l'entourent. Une mère, jeune amoureuse, alors qu'elle doit se préparer à être grand-mère, n'est pas sans résonner dans la relation avec sa fille, elle-même à un tournant de sa vie : devenir mère, alors qu'elle vient d'achever des études! Les intrigues secondaires apportent différents rebondissements et permettent de faire le portrait d'une galerie de personnages, d'âges divers, qui, eux non plus, ne manquent pas de choix à faire. Où sont les frontières entre la vieillesse et la jeunesse, l'énergie et le renoncement, la Suisse et la France, le confort et la précarité ?"
La réalisatrice Patricia Plattner s'approprie une nouvelle fois un sujet qui lui tient à coeur : les femmes. Déjà dans ses deux fictions précédentes, Piano panier ou la recherche de l'Equateur et Les Petites couleurs, la cinéaste avait exploré la condition féminine à travers les relations familiales, amicales, professionnelles et amoureuses. Avec Bazar, elle exploite cette fois les préoccupations d'une femme à l'aube du troisième âge : la retraite, la place de l'amour et de la sexualité dans sa vie.
Sept ans après Les Petites couleurs, Bazar marque la deuxième collaboration entre Patricia Plattner et la comédienne Bernadette Lafont, avec laquelle la cinéaste suisse tenait à retravailler. La comédienne confie : "Je ne connaissais pas Patricia avant de tourner Les Petites couleurs sous sa direction. Nous sommes devenues très amies sur ce tournage et elle voulait absolument que l'on fasse un autre film ensemble. L'écriture, puis surtout le montage financier de Bazar ont pris plusieurs années. Mais cette fois, l'enjeu n'était pas le même. Les Petites couleurs reposait sur le personnage d'Anouk Grinberg et j'interprétais seulement la directrice du motel où elle venait se ressourcer. Dans Bazar, par contre, le film repose davantage sur le personnage de cette antiquaire sexagénaire que j'interprète. J'ai eu des hésitations avant d'accepter le rôle, par peur d'être un peu trop âgée. Mais Patricia Plattner a tenu bon et a eu l'idée de la perruque pour rajeunir le personnage."
A l'instar des personnages, l'équipe de tournage de Bazar a voyagé entre la Suisse (Genève), la France (Annemasse) et le Portugal (Lisbonne). Certaines séquence ont été tournées dans le célèbre "Tram 12" qui relie Genève à la France, comme le symbole de la frontière entre les âges, thème principal du film de Patricia Plattner : l'amour entre un jeune homme et une femme sexagénaire.
Bazar est le quatrième long-métrage de fiction réalisé par Patricia Plattner, très active en tant que documentariste mais aussi comme productrice. Le film succède ainsi à Piano panier ou la recherche de l'Equateur (1989), au Livre de cristal (1996) et enfin aux Petites couleurs (2002).