Babou est une femme enfant, flanquée d’un corps androgyne. Elle mène une vie chimérique qui traduit ses propres incohérences, caprices, et l’on peut dire enfin, sans trop hésiter : folie. On est embarqué dans sa personnalité, dans la vie de dilettante qu’elle mène.
Babou a une fille : Esméralda. Cette dernière, ayant honte des frasques de sa mère, préfère ne pas l’inviter à son mariage qui est prévu dans un futur assez proche. Quand Babou l’apprend, elle qui est d’habitude si excentrique, a beaucoup de peine. Bien sûr, elle ne perd pas son caractère primesautier et naïf qui dessine tout le charme du personnage. Cet événement marque un tournant dans sa vie. Elle décide de travailler, comme pour prouver à sa fille qu’elle n’est pas la folle qu’elle croit. Le travail se révèle être ingrat, Babou doit s’installer à Ostende et travaille pour une agence de vente d’appartements de multipropriétés. Elle y rencontre une colocataire irascible, les débuts sont pénibles et laborieux. Mais Babou s’en sort plutôt bien. Néanmoins, fidèle à elle-même, elle prend sous son ailes un couple de sans domicile fixe et, jouant avec le feu, décide de les loger dans des appartements libres qui appartiennent au propriétaire pour lequel elle travaille. Ne remarquant rien d’anormal, la patronne de Babou décide de lui offrir une promotion, elle devient ainsi agent immobilière.
Entre temps, Esméralda fait le voyage jusqu’à Ostende pour rejoindre sa mère. Elle s’attend à un repas seule à seule avec sa mère, ponctué de vrais dialogues : c’était trop espérer. Babou a en effet invité le couple sans abris à déjeuner, les discussions sont légères. Exaspérée, Esméralda décide de rentrer chez elle. Babou doit laisser sa fille tenir les rênes de sa propre vie. Elle voulait lui prouver qu’elle était capable de réussir quelque chose. Elle a échoué : son caractère demeure infantile, et d’une volatilité quelque peu agaçante. Peut-on sous ce prétexte demander à Babou de changer ? Il semble que son personnage est riche et qu’il se suffit à lui-même.
Babou nous surprend, nous fait rire mais, plus que tout cela, c’est une femme très attachante, en quête d’amour véritable. C’est cela qu’elle recherche, au cœur même de ses infantilités. Elle quête maladroitement, certes, mais véritablement, un peu de reconnaissance. Toutefois concrètement, sa vie lui échappe. Elle est trahie par sa patronne qui dit au propriétaire sa faute professionnelle (celle d’héberger des SDF). Elle est congédié sans attente. Babou est ainsi, elle avance, comme un funambule, tout en légèreté. Après tout, en quoi cela ne pourrait pas être respectable ? C’est l’histoire d’une femme qui se cherche. On finit par aimer ses frasques et à en rire. Après tout, pourquoi lui demander de changer ?
L’auteur nous la fait découvrir avec beaucoup de subtilité, de clins d’œil, et d’humour. Quant à sa fille, elle joue en quelque sorte le rôle de mère. Elle aura grandi plus vite que les jeunes adultes de son âge. Néanmoins, durant le film, Esméralda fait tout un chemin d’acceptation.
En tout cas, la fin du film est un véritable pied de nez : Babou se rend au mariage de sa fille et n’a pas empêché de marquer sa présence d’incongruité : elle danse avec une troupe brésilienne, une de ses trouvailles et finalement, on se laisse emporter par son sourire. On est sous l’aile de son charme. On se prend au jeu, et ça marche ! Une peinture de caractères peu communs pris sur le vif, des chemins qui se croisent et qui se cherchent. La peinture de caractères, hauts en couleurs est intéressante. Les ingrédients d’une comédie appréciable sont réunis.