Le couturier Tom Ford se lançe dans le cinéma,avec un mélodrame esthétiquement très travaillé,qui rappelle indiscutablement l'univers soyeux de Wong Kar Waï,et en particulier "In the mood for love".Baignant dans l'Amérique élégante de 1962,"A single man" est un superbe écrin visuel,suivant un professeur de lettres gay,qui vient de perdre tragiquement son compagnon de 15 ans.Dépressif,il va au fil d'une journée,retrouver une certaine raison de vivre.Colin Firth,1 an après sa prestation oscarisée de George VI,y était déja magistral,dans la vulnérabilité discrète.C'est pour lui que le film se laisse suivre,en plus bien sûr de l'impeccable Julianne Moore,malheureusement trop rare.Ford,à force de ne s'attarder que sur la forme,délaisse une possible identification à un mal-être,et étouffe la moindre émotion naissante.Cela manque de naturel et de limpidité,avec une musique qui surgit sur commande,des cadres sur-travaillés,ou des couleurs métaphoriques.Ainsi,on lâche prise assez vite,car rien n'est vraiment à construire et à raconter.Visiblement,Ford a confondu galerie d'art et cinéma.