Marvel propose du rêve en s'efforçant au mieux de s'intégrer aux problématiques sociétales contemporaines pour titiller nos neurones et faire écho à ce à quoi nous sommes sensibles en ce moment. Le terrorisme fait peur alors mettons des terroristes. Armés et organisés, bien sûr, et puissants, ça ne fera que valoriser le héros. Comme contre pied au plus gros défaut de son prédécesseur, on a affaire ici à un méchant bavard et surprenant (rien à voir avec le Mickey Rourke balourd du deuxième volet), ce qui n'est pas peu dire avec ce genre de film, dont la qualité repose en grande partie sur celle du méchant. Il y a donc un véritable enjeu dans les aventures d'Iron Man. Pas de bol,
Tony n'a pas la pêche. Son souci était physique dans le volume 2, il est cette fois psychologique
. C'est un raisonnement taillé à la serpe, c'est un raisonnement Marvel (on plonge la tête la première dans un univers parallèle où un type en costume de métal indestructible va sauver la planète tous les quatre matins alors pourquoi ne pas considérer le monde en noir et blanc plutôt qu'en nuances de gris ? Ce serait dommage de se torturer les méninges). Et comme l'autre gros défaut du deuxième volet était le manque de profondeur de son personnage principal, qui ne semblait habité que de narcissisme au détriment de n'importe quelle autre caractéristique, il fallait bien lui redonner quelques couleurs alors pourquoi ne pas y aller à fond
en lui collant carrément des crises d'angoisses
? (le gris, non, toujours pas). Avec un méchant bien mieux travaillé (je pense à Ben Kingsley plus qu'à Guy Pearce, qui est trop caricatural pour être crédible et évoque plus un vilain de série B qu'un véritable méchant) et un héros qui s'autoreboot en quelque sorte, on accède à un niveau de film plus mature et plus profond. Les bases sont bonnes, ça commence bien, le déroulé est agréable à suivre et pourtant, on finit toujours par emprunter les mêmes travers qui m'empêchent de dire de ce film qu'il est excellent. En fait, dès que ça commence à devenir sérieux, il y a toujours un truc qui vient faire écrouler le château de cartes, une blague, une fausse chute, une conclusion d'échange avortée ou n'importe quoi d'autre. Du coup, j'ai le sentiment de rester suspendue aux lèvres des acteurs ou aux pages du scénario sans jamais avoir autre chose que de la superficialité de premier niveau à me mettre sous la dent. On nous appâte avec quelque chose de sérieux et on nous sert finalement des blagues sur le narcissisme de Tony Stark, comme si nous n'étions bons qu'à applaudir le super héros à chacune de ses pirouettes. A ce propos,
le final, avec toutes les armures qui débarquent, est trop démesuré et trop étiré. Il aurait gagné à rester dans le même ton que le reste du film plutôt que de le sacrifier à la facilité des explosions et coups de poing supersoniques comme s'il cherchait à impressionner des mômes
. Finalement, Iron Man 3 cherche à ratisser large en se déguisant en film mature tout en ne l'étant pas, comme s'il ne savait pas vraiment à quel public il souhaitait s'adresser ou n'assumait pas son choix.