A la base, « Kick-ass » est un comic-book qui rend un vibrant hommage à ce même univers des comics. Donc lorsque son histoire se transpose au cinéma, on peut s’attendre à voir une œuvre ultra-référencée, qui nous ferait frôler l’overdose si on n’est pas de la famille très obtuse des geeks. Et le verdict oscille entre le oui et le non. Film totalement décomplexé, corrosif à souhait et spectaculaire, l’adaptation ciné de « Kick-ass » ne reste avant tout un sympathique divertissement, mais qui ne tient pas la distance, et qui s’adresse surtout à ceux qui ont été biberonnés aux BD pleines de super-héros, et à la pop-culture de MTV.
C’est vrai ça, qui n’a jamais rêvé d’être un vengeur masqué, défendant la veuve et l’orphelin des griffes du Mal ? Adulé par les foules, avec un petit côté mystérieux qui envoûte les femmes… Mais on le sait tous, tout cela ne reste qu’élucubrations. En réalité, les super pouvoirs et les gadgets high-tech, ça n’existe pas. Malheureusement, ce dit un lycéen tout sauf populaire, qui décidé d’y remédier. C’est de ça dont parle le bébé américain de l’anglais Matthew Vaughn, connu pour être le producteur des cultissimes « Snatch » et « Arnaques, crimes et botaniques ». Et ça commence plutôt bien. L’idée de départ est intéressante, le rythme nerveux, l’ambiance détendue mais sincère, ponctuée de répliques piquantes et de gags amusants. On peut facilement se laisser prendre au jeu 100% entertainment qui nous est proposé là. Détournant parfaitement les codes des aventures sur papier des justiciers masqués les plus célèbres (nombreux sont les clins d’œil à Batman, Spiderman et autres Punisher), ce long-métrage, loin d’être juste un gentil film comique et explosif complètement exsangue, nous promet de passer un bon moment. Enfin, si on arrive à assumer son côté ado attardé. Dans des décors et une atmosphère qui feront saliver beaucoup de fans de bandes dessinées, l’action est bien lancée, l’esprit est subversif, irrévérencieux, cynique et décalé, le tout agrémenter d’une bande-son qui claque plutôt bien, elle aussi inspirée par de nombreux modèles. On a même droit au passage à une petite satire sur notre cyber-génération, celle qui consomme les infos en tout genre aussi vite que de la bouffe de fast-food, joue au journaliste grâce à la fonction caméra de son I-Phone, et voit la vie derrière l’écran plat d’un PC portable. Mais ce qui est dommage, c’est que plus le temps passe, et moins la mayonnaise ne prend. Après cette première partie plutôt séduisante, le film s’enlise, et traîne en longueur. Faute à un scénario pas assez dense, paresseux et embrouillé sur la fin, qui manque d’une réelle profondeur dramatique, tout comme ses personnages manquent eux d’épaisseurs et de charismes. L’humour teenager, bien utilisé jusqu’ici, devient même un peu lourd, voir répétitif, et l’ensemble ne fait plus vraiment sourire. Quand à la mise en scène, dont le rythme était soutenu et inventif en premier acte, elle devient toute aussi pataude, la faute à son montage new-age, et très (trop) épileptique. Et puis, le problème des films dits « hybrides », c’est qu’il faut savoir bien la jauger, la combinaison des genres. Trouver le bon équilibre entre la comédie, l’action, le cinéma Marvel, sans se perdre… Pas facile. Preuve en est ici. Par moment, on a même la mauvaise impression que Vaughn s’est gavé de la filmographie de Tarantino et de Rodriguez avant de se lancer dans la création de celui-ci… Ce qui rend un résultat qui sonne assez impersonnel. Au rayon interprétation, les (nombreux) acteurs livrent d’honorables prestations, même si elles ne sont pas transcendantes, avec en prime un Nicolas Cage plutôt bon en super-papa un brin déjanté. Dans le même genre où un type ordinaire décide de transposer dans notre monde réel, l’univers que l’on a l’habitude de voir au cinéma ou dans les comics, « Defendor », avec Woody Harrelson, l’éternel Mickey Knox de « Tueurs nés », est préférable.
En tout cas, au détriment d’un récit plutôt banal et pas réellement passionnant, on a pas lésiné sur les effets ébouriffants pour nous en mettre plein les mirettes : fusillades explosives, humour gore, bastons et cascades remarquablement chorégraphiées, tout pour rendre les aventures déjantées de nos apprentis super-héros franchement distrayantes. Mais pas vraiment plus.
D'autres critiques, avec photos et anecdotes autour des films, sur mon blog http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/. Merci !