Huit ans après la surprise de "Wolf Creek" et six ans après le fiasco de "Solitaire", on pouvait dire que Greg McLean était attendu au tournant, d’autant plus que sa troisième réalisation n’est autre que la suite du film qui l’a fait connaître. Et bien McLean a décidé de ne pas nous décevoir : si "Wolf Creek" prenait le temps d’installer son univers, son « wild outback » australien, ses touristes et son méchant redneck, "Wolf Creek 2" rentre directement dans le vif du sujet en commençant très fort avec le meurtre brutal de deux flics qui ont eu le malheur de vouloir coller un PV pour excès de vitesse au fameux Mick Taylor. Début bourrin et gore qui annonce d’emblée que cette suite suivra bien la devise du « bigger, stronger, faster & louder» si chère aux séquelles hollywoodiennes. Mais la grande force de McLean est de ne pas se contenter de nous balancer une simple péloche débordant d’action et de sang, bien au contraire : il parvient même à mélanger plusieurs genres (slasher, road movie, survival, torture porn) pour nous proposer un spectacle intense et non-stop pendant presque deux heures, un véritable tour de force ! Et malgré cette volonté bien visible de ne pas faire un simple copier-coller du premier opus, McLean reprend quelques ingrédients de la recette de base pour cette séquelle : 01) on a toujours cette impression de visionner une carte postale de l’Australie : de grandes terres arides où vient s’écraser un soleil rouge vif et brûlant, une végétation pauvre à travers laquelle souffle un vent léger et mélancolique, des vallons avec escarpements qui impressionnent véritablement. On sent que McLean aime son pays et le montre à travers ses films, tout comme l’a fait Peter Jackson pour la Nouvelle-Zélande avec sa trilogie du "Seigneur des Anneaux". 02) A nouveau des références à des films que McLean apprécie comme la traque des auto-stoppeurs allemand ("Hitcher" de Robert Harmon…d’ailleurs l’un d’eux se nomme Rutger !), cette impressionnante et excellente course-poursuite en camion ("Duel" de Steven Spielberg) ou encore le repère souterrain et malsain de ce cher Taylor ("Jeepers Creepers" de Victor Silva). 03) Un humour toujours présent et de plus en plus noir, parfois sadique (la jeune femme à l’agonie qui s’empale elle-même), parfois irrévérencieux (la séquence avec le couple de vieux) et parfois incongru mais décomplexé (cette hallucinante et fabuleuse scène gore où un camion percute de front un troupeau de kangourous sur la musique du "Roi Lion" en fond musical : M-A-G-I-S-T-R-A-L !!!). 03) Encore des personnages largement moins con que les habituels abrutis des films américains : dans une incroyable séquence d’un jeu sadique de questions/réponses, le héros révèle son statut d’étudiant en Histoire et parvient à répondre avec sang-froid aux questions extravagantes de son bourreau puis, malgré la torture que lui fait subir ce dernier, parvient à reprendre le contrôle en tentant de s’échapper. 05) La continuité du développement du personnage de Mick Taylor (John Jarratt, toujours aussi excellent !) : on pensait le voir à nouveau comme un putain de psychopathe barge (voire même un brin satanique), mais il nous surprend à nouveau en tombant le masque : notre redneck est en fait un véritable sale con mégalo, chauvin, xénophobe (raciste quoi), patriote extrême défendant fièrement son identité australienne…il représente à lui seul tous les travers possibles et imaginables des citoyens de notre société moderne. Un pur homo superior déguisé en homme de Cro-Magnon. Et il en ressort une véritable fascination morbide de le voir tant jubiler (jouir ?) lorsqu’il traque ou torture ses proies !
Greg McLean a réussi à insérer dans ce second opus ce qui manquait au premier, en faisant une séquelle totalement réussie qui respecte son prédécesseur tout en le transcendant : une belle surprise ! Aura-t-on un jour un troisième volet ? Je serais présent à l’appel si cela se fait !