Sous The Hole se cache autre chose que le résultat visible, résonnent les échos d’une partition plus ample et satirique, gît un réalisateur illégalement muselé et maintenu dans l’obscurité. On voit son œil, d’ailleurs, l’œil de Dante comme remonté des Enfers. The Hole est un appel à l’aide à l’âge des teen movies insipides et des productions horrifiques ultraviolentes ; c’est l’expression d’un artiste qui tire sa révérence. Rien ne fonctionne vraiment dans ce film mais c’est volontaire : les acteurs jouent assez mal, le scénario accumule les poncifs, l’image est, pendant les deux tiers, d’une platitude incroyable… Qui dit Dante dit références cinématographiques donc références il y a, énumérées et posées là. La sous-intrigue avec la voisine et sa jeune amie évoque L’expérience interdite, l’affreux voisin Freddy, le miroir Contact, le policier Terminator 2 qui aurait croisé Sixième sens, le placard et son clown Poltergeist. Tout un cinéma que le réalisateur affectionne, auquel il a parfois pris part. Car le cinéma désormais est ailleurs, n’est plus à Hollywood. Ce qui en reste est à l’état de lambeaux, morceaux d’un puzzle monochrome mal assemblés. L’art nouveau brille dans le dernier tiers du film : une fois les ampoules brisées et les lumières éteintes, on entre véritablement dans le cœur artistique, dans une prophétie délivrée par Dante. Ce sifflement paternel n’évoque-t-il pas le thème du Labyrinthe de Pan, composé d’ailleurs par un Javier Navarrete crédité au générique ? La partie cauchemardesque finale ne s’imprègne-t-elle pas d’un surréalisme et expressionnisme revisités ? Avec The Hole, Joe Dante rédige son testament cinématographique, son musée de cire où se trouve collectée une mémoire cinéphile doublée d’une croyance. Celle en un renouveau du cinéma de genre, à chercher ailleurs que dans les pâles productions actuelles qu’il dénonce si bien.