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Akamaru
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2,5
Publiée le 9 décembre 2011
Jacques Tati se ruina la santé et financièrement avec cette fable follement ambitieuse tournée en 70 mm."Play Time"(1967)est un petit miracle de cinéma.Il n'existe rien de commun.2 heures pleines de non-sens,sans fil narratif,où Tati critique vertement la société de consommation et l'uniformisation architecturale.Ses décors,grandioses,proches de la mégalomanie,adoptent un style futuriste,clinique,anguleux.Monsieur Hulot,l'alter-ego maladroit de Tati,ne manque pas de s'y perdre.Il y a de quoi être soufflé devant une direction artistique aux milliers de figurants,aux plans-séquences complexes,et aux discussions multiples.C'est comme si l'on assistait à une tranche de vie en direct.Le travail sur le montage sonore,et l'élaboration des nombreux moments saugrenus force aussi le respect.Tati était un visionnaire,qui misait tout sur le pouvoir de l'image.Malheureusement,ses intentions sont souvent caduques,et il est bien difficile de demeurer attentif,devant un spectacle,certes bien vivant,mais totalement dépourvu d'enjeux dramatiques,scénaristiques et de personnages fixes.Il bouscule les repères,au point que ceux-ci peuvent se dissoudre dans cette oeuvre déconcertante.
Un film de Jacques Tati qui nous plonge dans un Paris moderne et impersonnel, grandiose et superficiel. Une comédie aux qualités certaines dans laquelle le réalisateur soigne parfaitement ses cadres. Cependant, en deuxième partie, la réalisation tourne un peu en rond et s’avère moins nostalgique et plus expérimentale que le chef d’œuvre "Mon Oncle" qui traite lui aussi du progrès en marche. Le film offre également un charme moins accessible et un panel de situations moins original et diversifié que son prédécesseur. Malgré tout, "Playtime" présente une belle photographie de la fin des années 1960 et demeure une touchante réflexion sur la modernité urbaine !
C'est le film qui a plongé Tati et son studio dans la faillite. Il renouvelle sa vision de la modernité en écartant les déjà-vus sur les classes snobs en se concentrant sur l'industrie. Il montre ainsi encore avec brio la mécanisation de l'homme, dans un temple gris et spacieux, où marchent aveuglément les employés : la direction artistique est à saluer par ses inventions architecturales, en particulier les appartements vitrés où l'intimité n'existe plus. Les bouchons de circulation sont transformés en ballets et les lampadaires sublimement métaphorisés avec le muguet. Tati est donc un cinéaste qui maîtrise le sens de la poésie visuelle. Seulement, il semble se mettre à distance de son personnage principal pour montrer plus de séquences avec les représentants de la ville moderne. Hulot se fond donc dans la masse, et nous le confondons avec d'autres personnes qui portent la même tenue que lui. Hulot est perdu dans ce monde, cette transition de l'âge adulte sérieux et responsable, où tous les enfants ont disparu. Ce changement est désarmant pour l'habitué de Tati. Ses deux films précédents privilégiaient son héros, alors qu'ici il l'abandonne, ne lui donne plus de guide, les gags sont toujours drôles mais se font rares, la deuxième partie s'étire trop ( le bal du restaurant chic est interminable ) ; il n y a plus vraiment d'histoire, l'errance a pris le dessus. Tati a réalise un film pessimiste, qui peut sonner le glas de son personnage, perdu dans le labyrinthe du monde industriel et adulte.
Après le succès de Mon oncle, Tati a mis neuf ans pour sortir un nouveau film : Playtime. Mais contrairement au précédent, Playtime s'est révélé un échec financier qui entrainera la faillite de la société qu'avait fondée Tati. Le réalisateur fut traumatisé par cet échec pourtant celui-ci est compréhensible. En effet, en traitant les grandes villes (aéroport, building, grands restaurants...), il accentue ici la description de la déshumanisation provoquée le modernisme à un point tel que le film lui-même semble déshumanisé. Les surfaces de couleurs unies du décor, pendant la première heure, entrainent une monotonie visuelle qui peut créer un sentiment d'ennui chez le spectateur. D'ailleurs, on peut se demander si ce travail sur des surfaces de couleurs unies n'a pas inspiré George Lucas pour THX 1138 (film qui donne également une impression de monotonie visuelle). La déshumanisation apparait également dans les personnages. Ainsi, même le personnage de M. Hulot semble être Monsieur-Tout-le-monde car on retrouve des tas de faux M. Hulot à travers le film portant les mêmes vêtements que notre héros. De plus, Hulot croise tout au long du film des gens le connaissant, ce qui laisse à penser qu'il est bien Monsieur-Tout-le-monde. Enfin, le fait que Hulot (absent d'ailleurs dans de nombreuses longues séquences) se comporte plus souvent comme un spectateur que comme un personnage ayant un rôle dans l'action renforce cette aspect déshumanisé. Cet aspect glacial apparait également dans la première heure de film par l'absence quasi-totale de musique. Dans la seconde heure du film, l'aspect glacial disparait un peu (il y a plus de couleurs différentes, les personnages sont moins robotisés, la musique est beaucoup plus présente bien que n'ayant pas de thème principal...) mais le spectateur a tout de même du mal à rentrer dans le film. Playtime est donc un étrange film où le fait d'avoir réussi son but (montrer un monde déshumanisé) provoque l'ennui chez le spectateur, malgré une science du cadrage très visible.
Une question m'a poursuivi pendant tout le film : est-il possible qu'un film pareil existe ? Tati était-il un être humain ? Si oui, comment expliquer cette omniprésence d'un génie cinématographique non identifiable ? Envolées mystiques d'abord, puis destruction totale proche de THE PARTY, PLAY TIME est un film impressionnant. Il ne s'y passe rien, et pourtant, il s'y passe tant de choses ! Reflets, miroirs, portes présentes en parti ou rien du tout ; mille lectures, mille visions ne suffiraient pas. Tati est partout. Nous l'aimions en monsieur Hulot. Dans PLAY TIME, nous l'adulons, puisqu'il se dédouble à l'infini. Intemporel, le film porte une essence singulière du début à la fin, qu'il est un peu dur de quitter. La photographie est exceptionnelle ; quelle ingéniosité dans les plans ! A chaque scène, on est conscient d'avoir forcément raté quelque chose. Certaines scènes sont absolument mythiques ; la vue de l'extérieur de l'appartement, sans le son, ou encore le restaurant loufoque. Il y a des jours, comme ça, où on se dit "j'ai vu un grand film. Le Cinéma avec un C majuscule, ça existe. Tenez, regardez. Il y a des moments uniques dans une vie."
Jacques Tati nous raconte à la fois l'angoisse et la fascination qu'exercent sur lui les bouleversements technologiques et l'évolution des modes de vie de la France urbaine des Trente Glorieuses : automatisation galopante, organisation scientifique du travail, publicité envahissante, internationalisation des canons artistiques,... Au milieu des années 60, rien n'est laissé au hasard, chaque geste, chaque mot a son utilité. Il est interdit de perdre de temps, et qui ne consomme pas est rapidement considéré comme suspect... Seul Monsieur Hulot, affublé de sa pipe légendaire, déboussolé devant cet étrange spectacle – il l'était déjà dans la maison ultra-contemporaine de Mon Oncle – reste fidèle à lui-même : maladroit, timide, tendre, ayant même le toupet de faire la cour à une jeune femme ! Un film extraordinaire, à la mesure de l'ambition d'un Tati qui alla jusqu'à recréer une ville de toute pièce pour les besoins de son film, entraînant sa société de production dans un des plus célèbres naufrages financiers de l'histoire du cinéma. La scène centrale du film, dans le restaurant « où il faut voir et être vu » et qui organise sa soirée inaugurale sans que rien ne soit vraiment au point, nous offre des irrésistibles scènes de burlesque pur. Un régal.
J'ai d'abord été séduit par ce "Playtime". Ce petit coté naïf, cette absence de dialogue, les gags discrets d'une imagination débordante et les décors remplient de figurants qui fourmillent de petits détails imperceptibles. Puis, très vite, j'ai trouvé que le film commençait à tourner un peu en rond. Je me suis aperçu que ces gags, qui me semblait si délicieux à prime abord me faisait uniquement sourire à défaut de me faire rire. En un mot, je me suis fais un peu chier, mais tout en étant conscient de l'immense talent de Jacques Tati.
Difficile de critiquer un tel film : d'un côté on imagine le travail colossal de Jacques Tati, avec ses décors incroyables, certaines trouvailles étonnantes et une mélancolie parfois touchante. Mais je vais être honnête : pour moi, « Playtime » n'a pas été loin de la torture. Un gag qui fonctionne, parfait. Sauf que Tati le répète une, deux, trois, quatre, cinq fois, si bien que rapidement je frôle l'overdose. De plus, je n'ai finalement été que rarement sensible à ce type d'humour, beaucoup trop basé donc sur la répétition et laissant finalement très peu de place pour le plaisir du spectateur. Alors une fois de plus, il n'est pas question de tout jeter : on sent qu'il y a beaucoup de talent derrière, on pourrait même parler de brio tant l'œuvre ne ressemble à rien qui ait été fait auparavant. J'entends parfaitement cela, mais moi, quand je m'ennuie (et pas qu'un peu), j'ai du mal à être indulgent, et aussi fascinant l'œuvre puisse t-elle être à certains égards, le fait de ne rien raconter et de brasser autant de vide à travers un scénario ne s'appuyant que sur un comique infiniment inégal est pour moi rédhibitoire. L'échec commercial peut ainsi paraître sévère, il n'en reste pas moins compréhensible.
J’apprécie « Mon Oncle » pour son regard acerbe mais en même temps amusant sur son époque. Malheureusement le principe de ce « Playtime » est un petit peu le même mais il fonctionne beaucoup moins bien. Plus déstructuré dans son intrigue, plus contemplatif de son monde de l’absurde, « Playtime » s’enlise donc dans un rythme assommant. J’apprécie le regard porté, mais pour l’occasion, la démarche apparaît plus grossière car trop démonstrative. Finalement, ce film souffre paradoxalement de ce qu’il condamne, d’un manque de vie et d’humanité.
"Playtime" est un pur condensé de poésie, aux idées de mise en scènes incalculables. Malgré tout, le film rencontre un problème de longueur évident en s'appuyant plus sur des situations que sur un vrai scénario. Tati finit par globalement ennuyer le spectateur. Beaucoup de sincérité et de talent, mais presque une heure de trop.
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3,5
Publiée le 2 février 2014
Jacques Tati ètait l'un des grands du cinèma mondial et certaines de ses oeuvres dèpassent, comme ceux de tous les grands comiques, le stade de la simple comèdie! Tati (tout comme Jerry Lewis) s'ètait affirmè grâce à une tènacitè à toute èpreuve, allant jusqu'à se forger les moyens de s'exprimer qu'on risquait de lui refuser ou de lui calculer trop chichement! Tati, face à l'incomprèhension des producteurs, crèa ses propres studios pour pouvoir tourner ce "Playtime" qu'il aura mis six ans à concevoir! Sans être pour autant un chef d'oeuvre de l'acteur-rèalisateur mais qui reste sans cesse à (re)dècouvrir, c'est une comèdie qui possède au plus haut point le sens de l'apocalypse du cinèma en montrant comme à son habitude l'admirable prècision des gestes de Tati! Unique en son genre, voici un film qui vous invite à jouer avec un temps bien à lui, celui de la contemplation active, de la participation intelligente à chacun de ses plans, soit une ville entièrement reconstruite près de Vincennes à quelques kilomètres de la ville lumière par l'architecte Jacques Lagrange! Une ville dans lesquels les immeubles sont montès sur vèrin hydraulique et transportable au grè du scènario! Une ville où chaque jour vienne des dizaines de figurants et comèdiens qui se mêlent parfois à des silhouettes dècoupès en carton! Soit dans cette ville, un être à la fois policè et èberluè, perdu et sensible, poli et maladroit! Vous le connaissez, c'est l'inègalable Mr Hulot, ègarè dans une ville pas comme les autres qui va au grè des èlèments! A noter un embouteillage monstrueux dans "Playtime", scène d'anthologie que le rèalisateur reprendra dans "Trafic"....
Il y a des films qui dépassent le stade du simple divertissement ; des films dont il importe peu qu'ils nous plaisent ou qu'ils nous déplaisent, tant leur envergure se situe au-delà de la faculté de juger ; des films que l'on peut qualifier de chef d'oeuvre sans rougir ni même prendre de véritables risques... Je ne ferai donc pas preuve d'une réelle originalité en décrétant que le Playtime de Jaques Tati est un miracle du Septième Art, une de ces expériences uniques qui vous clouent le bec avant même que l'envie de contester vous traverse le citron. Tout a été dit auparavant : exploration du son - paysage acoustique, amplifications comiques, alternance de silences et de brouhahas - utilisation du décor comme un nouveau moyen de créer le burlesque, audaces narratives - dilatation des séquences, notamment celle de la soirée, morceau de bravoure d'une durée conséquente ; dialogues inaudibles, qui nous rappellent que la parole n'a jamais été aussi secondaire - personnages développés jusqu'à l'indécence, du protagoniste au dernier figurant... Playtime est un monument du burlesque qui se moque pas mal des conventions artistiques, un de ces films intouchables que le temps n'a pas ridé d'un poil. Je m'incline.
Playtime est certainement le film le plus ambitieux de Tati, c'est un projet ruineux qui débutera avec un budget de 3 millions de Francs pour finir à hauteur de 15 millions de plus le tournage de Playtime a pris plusieurs années et certaines journées pouvaient voir 150 techniciens et figurants sur le plateau. Tati reprend son personnage de Hulot qui se rend dans une ville moderne aux gadgets derniers cris, on ne sera jamais pour quelle raison il doit s'y rendre mais peu importe Tati nous montre une ville assez froide qui sera le prétexte de nombreux quiproquos burlesques (les sièges bruyants, la porte en verre du restaurant qui se brise dont le portier fera semblant de tenir la poignée) mais aussi une certaine tendresse. La séquence du restaurant est peut-être le meilleur moment de Playtime, je craignais que les 2 heures soient trop longues mais on ne voit pas le temps passer.
Un film purement formel, d'une grande froideur et donc très difficile d'accès. A travers des décors monochromes, des personnages uniformes et des situations robotiques caricaturales, le cinéaste délivre un film futuriste en forme de dénonciation. Tati dénonce donc avec véhémence l'innovation quand celle-ci est impersonnelle et futile et le désir d'uniformisation absolue. Malheureusement, le trait est tellement forcé que le réalisateur se transforme en réactionnaire sans recul ni mesure. Son film est un dispositif risqué qui tourne en boucle sur des situations ubuesques, non dialoguées et répétitives... au point d'en épuiser,presque d'en saouler le spectateur. Pour moi c'est inregardable et j'ai bien vite jeter l'éponge, même s'il faut saluer le talent de mise en scène et la radicalité du propos.
Incroyable le nombre de détails, de mouvements à l'écran.. Un humour et un univers très spécial, comme d'habitude. Rien que pour la scène du restaurant ce film vaut le coup d'oeil. Vous ne verrez plus la ville de la même façon.