J'ai la fâcheuse tendance de vouloir comparer les oeuvres, de les classer, je ne peux pas penser un film sans penser à d'autres. Certains y gagnent, d'autres, comme Playtime, y perdent.
Que n'ai-je pas aimé dans ce film? Outre le fait, un peu naïf, que j'aime beaucoup le côté très enfantin de Mon oncle mais aussi des Vacances de , ici le film est beaucoup plus adulte (sans pour autant être dans un sérieux ronflant), moins nostalgique mais plus expérimental. Un charme peut-être moins évident, moins accessible, qui m'a laissé hermétique un bon moment.
Il y a des qualités certaines dans l'oeuvre de Tati. A commencer par l'univers créé, ce Paris moderne brillant et impersonnel, grandiose et superficiel. La Défense commence tout juste à exister que Tati l'imagine déjà aboutie. L'image est magnifique, la lumière fabuleuse, esthétiquement le film est irréprochable. Beaucoup de jeu avec les néons, avec les reflets, les transparences, la propreté, l'uniformité de ce monde moderne. Tati est un véritable inventeur, trouvant toujours des objets insolites pour faire rire son spectateur, mais aussi presque un visionnaire terre à terre : son monde futuriste est tout à fait crédible, et s'inscrit aussi bien dans son époque (la découverte de la consommation de masse dans les années 60) que dans notre époque actuelle.
Aussi, il n'y a rien à redire des plans. Ses plans larges sont assez incroyables, notamment dans la dernière partie du film au restaurant. Il y a une multitude de détails à l'écran qui nécessitent une grande attention du spectateur pour tous les saisir. Chaque plan nous régale par la multitude de visions qu'il nous offre. C'est, je dirai, la qualité principal que j'ai relevé pour ce film : les multiples lectures que l'on peut en faire.
Mais voila, pour revenir sur les défauts, je pourrai dire que j'ai trouvé le film pas forcément drôle. Souvent percutant, souvent juste, mais pas forcément hilarant. Le personnage de Tati, , ne semble pas trouver sa place. Certes, c'est bien le but recherché : ne se fait pas à ce monde moderne. Mais malgré tout, il n'arrive pas à jouer avec le décors, à jouer avec les autres; se fait discret, jusqu'à presque disparaître de l'écran...
Enfin, il faut quand même que je justifie mon 7. Car ma déception ne doit pas faire tâche pour un film qui reste fabuleux. Playtime, c'est un monde parallèle complet, beau et laid, une ambiance certaine, surtout, c'est le produit d'un créateur de génie, largement inspiré quand il faut trouver de bonnes idées. Peu de réalisateurs pourraient se vanter d'un tel talent. Saluons le.