Les artisans de Pirates de Caraïbes, dont Johnny Depp, Gore Verbinski et Jerry Bruckheimer se lancent l’esprit léger dans la mise en scène d’un Western pour le moins particulier. Voilà l’histoire du Ranger Ried et de l’indien Tonto, duo de justicier à l’heure de l’évolution du Grand Ouest sauvage par l’acheminement du chemin de fer. Improbable mais pas pour autant dénué de références et d’une certaine réflexion, le dernier né de l’écurie Disney est pour moi une réussite, certes pas majeure mais comparable au premier opus des pirates des Caraïbes. Action, humour, effets visuels impressionnants, l’intégralité des ingrédients propres au type de film qui rassemble que voici sont réunis. Pourtant, le public n’aura pas répondu aussi présent qu’il aurait été espérer. Un semi-échec commercial pour le moins étonnant alors que pour ma part, Lone Ranger est sans doute la plus franche grosse production de la saison estivale 2013.
Le Western n’est-il plus à la mode? Sans doute que non. Pour autant, le film de Verbinski n’en n’est pas forcément un véritable, loin de là. Les sous-thèmes sont bel et bien présents mais le film s’affiche nettement d’avantage comme un film fantastique que comme un Western. En somme, une relecture d’un genre mythique du cinéma au service du divertissement de masse. Spectaculaires paysages, costumes crasseux pour le moins étoffés, faciès tordus, décors harmonieusement détaillés, Gors Verbinski, qui en avait accessoirement les moyens financiers, aura mis de l’application de les visuels de son bébé, admirablement pensé en termes d’esthétisme. Les personnages principaux, quant à eux, sont dotés de looks soignés, mémorables, surtout en ce qui concerne le spécialiste de la mode improbable, Johnny Depp. Ce dernier, parfaitement à l’aise dans la peau de cet olibrius indien est concrètement l’attraction première d’un film qui fait part belle à l’ironie et la dérision. La encore, l’acteur est un spécialiste dans le domaine.
Pour le reste du casting, Armie Hammer, un brin niais, trouve enfin un premier rôle majeur après avoir cohabiter avec le grand DiCaprio sur J. Edgar. L’on dénombre également un certain nombre de stars tels que Barry Pepper, Tom Wilkinson, Helena Bonham Carter ou William Fitchner dans des rôles hauts en couleurs. Casting excellent donc, qui fait la part belle à l’exubérance des interprètes, chacun jouant le jeu du cinéaste avec une parfaite harmonie, conscients qu’ils sont que le succès du film dépend particulièrement de leurs prestations, la plus folle soit-elle. L’on notera dès lors que si Verbinski sait s’entourer, c’est dans la plupart des cas par nécessité, ingrédient miracle de son processus de création. On pourra aussi citer comme impondérable chez le cinéaste la présence à la composition musicale d’Hans Zimmer qui s’il prend parfois des airs d’Ennio Morricone pourra finalement s’envoler vers un cavalcade musicale finale culte qui s’harmonise parfaitement avec l’action à l’écran.
Sous-jacent, voilà tout de même que l’on découvre qu’à l’image de classique de Sergio Leone, Il était une fois dans l’ouest, Lone Ranger exploite le déclin de l’air du Far West par la globalisation, la modernisation et la mondialisation. Les riches, toujours plus puissants, façonnent le paysage de longs chemins de fer. La présence du moyen de locomotion révolutionnaire synonyme de déclin de l’homme des plaines prend ici, en comparaison au film de Sergio Leone, une même place capitale dans le façonnage du Western. Si le deux films ne sont jamais comparables, évidemment, le sujet est pourtant sensiblement similaire, qu’il s’agisse du train ou de vengeance. Hautement divertissant, spectaculaire, sans doute incompris, Lone Ranger n’est pourtant pas dénué de quelques défauts, sans doute la patte de la firme Disney dans une production qui aurait sans doute mérité plus d’indépendance. Les dialogues sont souvent trop lisses, l’atmosphère parfois trop détendue et le scénario parfois slalomant entre les exigences de censure du studio. Pour autant, si le film ne souffre pas concrètement de cela, l’on peut aisément imaginer le même film sans de telles barrières. Un très bon cru figurant au menu d’une très maigre saison estivale. 16/20