Regardez bien l'affiche de ce film, car elle est loin d'être anodine ou anecdotique. Cette seule image est porteuse de message et de tout le film en est la symbolique. Elle met en exergue la géniale Valérie Bonneton qui, lasse d'un quotidien destructeur et prévisible, va se sentir soudain investie d'une mission salvatrice. Elle n'hésitera pas, dans cette maison que l'on pense au départ hantée, à aller jusqu'à la destruction de son couple, de ses proches et d'elle-même, pour sauver son prochain dans un don de soi exalté et quasi-mystique. Et cela malgré le rejet, l'ingratitude, les outrages, l'incompréhension et la maigre mais pitoyable compensation qu'elle y gagnera. Sur son visage apaisé de Madone creusant l'oreiller, d'où s'échappent des plis bleu-électrique formant une aura divine, (Symbole de son délire bientôt meurtrier...) on n'y lira ni angoisse ni terreur, comme le scénario d'un classique thriller pourrait nous le faire accroire, mais bien la sérénité d'un devoir bientôt accompli. Sérénité doublée de la certitude d'avoir planté les bornes infranchissables de sa "Propriété Interdite", où mentalement, nul ne pourra plus désormais accéder. Un film double, au scénario étonnant d'inventivité et d'intelligence, où le pseudo-horrifique et le paranormal ne sont que des paravents, destinés à nous faire basculer de manière inattendue dans une réalité de faits-divers et de problèmes sociaux bien concrets. Une réussite, mais peut-être aussi une déception pour ceux qui espéraient les "simples" frissons divertissants qu'auraient procurés un énième et "simple" film fantastique....